L’approche du renard en été

Publié le 03 mai 2019
Auteur Vincent Piednoir
Approche Conseils Nuisible
Alors que la plupart des chasseurs raccrochent fusils et carabines lorsque sonne l’heure de la fermeture, il en est qui gardent un œil sur le calendrier dans l’attente du 1er juin, jour à partir duquel, sous certaines conditions, ils ont tout loisir de s’adonner à cette merveilleuse chasse en solitaire qu’est l’approche du renard en été. Si, jadis, le tir de Vulpes vulpes hors saison était réservé aux gardes-chasse particuliers, les nemrods peuvent aujourd’hui le pratiquer en sollicitant et en obtenant une autorisation préfectorale.

Pourquoi chasser le renard ?

Au-delà de l’agrément que représente cette pratique, on ne soulignera jamais assez que, dépourvu de prédateurs naturels sous nos latitudes et doté d’une faculté d’adaptation hors du commun, le renard doit faire l’objet d’une régulation et d’une surveillance constantes pour au moins deux raisons :

  • d’abord, il n’a pas son pareil pour détruire les nichées et couvées de petits gibiers et espèces protégées ;
  • ensuite, d’un point de vue sanitaire, c’est un vecteur important de maladies et zoonoses telles que la rage et l’échinococcose alvéolaire.

Il s’agit donc d’une chasse à la fois extrêmement plaisante et utile.

Naturellement, « plaisante » ne signifie en aucune façon « simple » ou « aisée ». Notre animal, ce n’est un secret pour personne, oppose facilement aux ruses humaines des facultés sensorielles particulièrement aiguisées : ses dispositions olfactives, bien sûr, mais aussi son ouïe et sa vue, tout aussi perçantes.

Comment s’équiper pour l’approche au renard ?

Il importe donc au préalable de se munir d’un équipement spécifique :

  • vêtements qui permettent de se fondre dans le décor de cette période de l’année, et capables de ne pas laisser transparaître l’odeur humaine (le pire ennemi dans cette circonstance !),
  • chaussures adéquates (propres à limiter l’émission de bruits),
  • gants,
  • cagoule ou couvre-chef qui, non seulement parachèveront la dissimulation du chasseur, mais lui épargneront, le cas échéant, les assauts des moustiques (rien de plus pénible que de se faire dévorer par ces bestioles, alors même que l’on doit demeurer immobile ! Votre serviteur parle en connaissance de cause…),
  • l’appeau, un autre équipement qui peut s’avérer décisif , dont il existe d’excellents modèles, et qui imite le plus souvent le cri d’un animal en détresse – oiseau tombé du nid, lapin blessé, etc.

Suivant la règlementation en vigueur, le renard peut être tiré à l’arme lisse ou à l’arme rayée.

  • Dans le premier cas, il va de soi que l’utilisation du plomb n° 1 ou n° 2 est vivement conseillée, tant il est vrai que le renard est parfois beaucoup plus résistant que l’on ne l’imagine.
  • Mais, à la vérité, il semble préférable de faire usage d’une bonne carabine à verrou assortie d’une lunette de visée (comme l’A-bolt 3 en 243 Win, avec la lunette Kite Optics K4), lesquelles, sous couvert de tirer avec appui à de raisonnables distances (moins de 100 mètres ou moins de 200 mètres suivant le calibre), ont de fortes chances d’être plus efficaces (rappelons qu’il vaut mieux ne pas tirer que de prendre le risque de blesser, ce qui est parfaitement envisageable à l’approche !).

Quel est le bon moment pour chasser le renard ?

Si l’on peut surprendre le renard sur à peu près tous les terrains (chaumes, prairies, marais, clairières, etc.), dès lors que la visibilité est suffisante et que l’on dispose d’assez d’éléments naturels (arbres, taillis, etc.) pour effectuer son approche en toute discrétion, il est une circonstance particulièrement favorable et que les adeptes de ce mode de chasse connaissent bien : je veux parler des lendemains et des surlendemains de fauches…
Soyons clairs : lorsque l’herbe a été fraîchement coupée, et que sur le sol se dessinent les rangs que l’agriculteur viendra « faner » plusieurs fois pour que l’herbe sèche et puisse être bottelée, c’est le moment idéal.
Car alors le renard – grand opportuniste devant l’Éternel ! – surgira automatiquement pour « faire le ménage », c’est-à-dire manger rongeurs et autres animaux éventuellement tués lors de la fauche, ou pour muloter, tout simplement, le terrain étant à présent bien découvert… Or c’est là une aubaine pour le chasseur, qui ne devra pas pour autant imaginer que la partie est gagnée d’avance !

Quels peuvent être les obstacles ?

Le vent

Le premier obstacle (ou avantage, c’est selon !) reste le vent. Il est impératif d’y être constamment attentif si l’on veut éviter les déconvenues. Si le vent est changeant, et même s’il est très faible, le nemrod doit s’adapter et se déplacer en conséquence.

A défaut de cette précaution, qui paraît d’évidence mais qu’il faut sans cesse garder à l’esprit, le renard finira par croiser votre « sentiment » et, sans même vous avoir vu, il disparaîtra d’une seconde à l’autre.

N’oublions jamais que le renard « voit » avec son nez. A nous de faire en sorte que le vent soit notre allié…

La lumière naturelle et le bruit

Ensuite, il y a la lumière naturelle, le soleil. Si celui-ci se trouve dans votre dos, votre ombre – notamment si vous êtes en mouvement – peut instantanément vous trahir.

Il faut y prendre garde, en ne brusquant jamais ses gestes, comme il faut prendre garde au silence, aux bruits environnants, ou même à la présence d’oiseaux tels le corbeau, la pie et surtout le geai, si prompt à donner l’alerte par son cri : attention, le renard ne s’y trompera pas !

Quand tirer ?

Encore une fois, cette pratique cynégétique n’est pas simple – mais c’est aussi ce qui fait sa beauté. Le tir lui-même doit être l’objet d’un examen attentif. En effet, il est préférable de tirer l’animal arrêté ; cependant, lorsqu’il mulote ou quête, le renard ne se tient que peu de temps immobile ; la fenêtre dont on dispose pour installer sa canne ou son trépied et préparer son tir peut, par conséquent, être très brève !

Mais quelle émotion, quel bonheur quand on parvient à approcher Vulpes vulpes, cette terreur des poulaillers qui, lorsqu’elle a des gueules à nourrir, est capable de prendre tous les risques – y compris celui de rôder autour des maisons, aux heures de midi, pour y tuer quelques volailles, comme je l’ai vu maintes fois !

Quelques souvenirs agréables

En tout état de cause, la chasse à l’approche du renard l’été est aussi l’occasion d’assister, parfois, à de jolis spectacles au cœur d’une nature qui, en cette période, est tout autre.

Je me rappelle ainsi avoir eu le plaisir de convoiter un renard qui, lui-même, était en train d’approcher un lièvre : on eût dit quelque félin… Ce jour-là, tout le monde rentra bredouille, car ma proie finit par m’éventer et le léporidé par comprendre ce qui se tramait à ses dépens…

Une autre fois, je tombai, dans des rangs d’herbe fauchée, sur sept ou huit marcassins bondissant et jouant comme des chevreaux ; un renard se tenait immobile, beaucoup plus loin. Mais quand la laie, que je ne voyais pas, émit une espèce de grognement indiquant la fin de la récréation (elle m’avait éventé, à coup sûr !), tout ce petit monde s’évapora, maître goupil compris. Ces instants-là aussi participent du plaisir de l’approche en été…

Et vous, pratiquez-vous le tir anticipé du renard ? N’hésitez pas à nous faire part de vos remarques et anecdotes…

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