Trois questions à Thibaut De Witte, illustrateur cynégétique

Publié le 23 octobre 2015
Auteur Vincent Piednoir
Né en 1970, Thibault de Witte nourrit depuis toujours deux passions : le dessin et la chasse. Après avoir, pendant plus de vingt ans, travaillé dans le secteur commercial, ce Picard inventif et talentueux a décidé, en 2014, de vivre enfin de son art… pour le plus grand bonheur des amateurs d’humour et d’aquarelle ! Tantôt avec tendresse, tantôt avec espièglerie, il croque ainsi, armé de ses pinceaux, les petites scènes anodines qui font toute la beauté de la vie cynégétique. Certes, chez lui, le gibier ne risque pas grand-chose ! Mais c’est assurément de bon cœur que l’on sourit lorsque, convoquant nos propres souvenirs, l’artiste se moque gentiment du nemrod et de son chien…

Quel chemin vous a conduit à l’aquarelle ?

Enfant, je n’avais aucun goût pour l’école : ça m’ennuyait terriblement… En revanche, j’adorais dessiner tout ce qui me passait sous les yeux et caricaturer mes professeurs. A dix-neuf ans, j’ai intégré l’Ecole d’Arts décoratifs de Mouscron, en Belgique. Là, j’ai appris à utiliser les différentes ressources propres aux arts graphiques. Mais ensuite, pour vivre, je me suis lancé dans le commerce – et c’est en ce domaine que j’ai fait l’essentiel de ma carrière. Or, il y a un peu plus d’un an, j’ai eu envie de changer de voie : comme je n’avais jamais cessé de peindre, la tentation était grande de me jeter à l’eau… Ce que j’ai fait, après mûre réflexion. Et si j’ai opté pour l’aquarelle, c’est que cette peinture est difficile à maîtriser, je dirai presque têtue ! Mais quelle satisfaction lorsqu’elle accepte de « jouer le jeu » !

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Tous les spectacles que la nature nous offre. Comme je vis près d’Abbeville, dans la Somme, tout est pour moi à portée de regard, si j’ose dire ! Il existe un lien évident entre l’amour de la peinture et le plaisir d’observer. Un chasseur posté ou crapahutant à la billebaude avec son chien, c’est une mine d’or lorsqu’on prend le temps de regarder ! Il y a l’allure de l’un et de l’autre, l’influence du terrain ou de la météo sur leurs comportements respectifs, le style de leur attente, de leur recherche… Je suis moi-même chasseur – ce qui me permet également de puiser dans mes propres expériences. Au demeurant, en tant qu’aquarelliste et chasseur, je suis fasciné par cet instant précis où le gibier fait son apparition sur la scène. Une harde de cerfs en approche ou une compagnie de perdreaux qui se lève brusquement – c’est tout simplement féérique, quand on y pense ! La nature est une puissante force esthétique qui se réinvente sans cesse dans le détail. Selon moi, le peintre animalier, comme le chasseur, est d’abord sensible à cette dimension. Dans les deux cas, cela relève de la prédation.

Vos aquarelles montrent pourtant très peu la mort du gibier. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

C’est un choix que j’ai fait – ou plutôt : qui s’est imposé à moi, avec le temps. Beaucoup d’artistes ont représenté – et représentent encore – la mort de l’animal. Sans renier nullement cette réalité solennelle, qui est le but de toute véritable chasse, je préfère m’attarder sur la « rencontre » entre l’homme et le gibier elle-même – une rencontre, il est vrai, au cours de laquelle ce dernier a le plus souvent la vie sauve, chez moi… Mais quel chasseur n’a jamais assisté à ce genre de scènes ? J’aime l’effet comique que cela produit. Une bande de sangliers est passée dans votre dos alors que vous tentiez désespérément de vous réchauffer en vous versant un tasse de café bouillant. Sur le coup, vous maugréez, vous lâchez même un juron ou deux ! Plus tard, avec le recul, en en parlant avec vos compagnons, vous rirez d’avoir manqué une telle occasion, pour une raison si triviale… En définitive, mes personnages sont de vrais chasseurs : ils savent ce que signifie « faire buisson creux » ; et ils savent aussi que les bredouilles passées conditionnent toujours l’intensité du plaisir qu’on prendra aux réussites futures… Et puis, il est bon que le chasseur soit capable d’un peu d’autodérision, non ?

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