Avant toute chose, il est important de vous présenter Alistair Gibson, notre guide et le manager du domaine. Je lui ai écrit pour qu’il m’aide à rédiger cet article, mais sachez qu’Alistair n’est pas un grand adepte d’Internet et des ordinateurs. Il préfère de loin ses Highlands et la brume écossaise, ce que je peux comprendre sans trop de problème. Bref… Il se présente comme tel :
« Alistair H Gibson, 58 ans, je vis et travaille dans le Glenfinnan Estate, en tant que Stalker, Forester et Manager.
J’ai eu une éducation classique et obtenu un diplôme de garde forestier. J’ai commencé à travailler en 1976 comme garde forestier, à Glenfinnan et dans le Nord de l’Ecosse. J’ai monté les échelons pour arriver au rang de Stalker / Manager. Aujourd’hui, je suis également Sheriff Honoraire. »
Le Glenfinnan Estate occupe une superficie de plus de 36 km2 (9,000 acres) et est situé dans le Nord-Ouest des Highlands, près de l’ile de Skye, en Ecosse.
Selon Alistair, on y compte près de 600 cerfs, pour un abattage annuel de 60 biches et 25 mâles.
Quand je lui ai demandé de me décrire une journée de travail typique, mon guide écossais a répondu avec beaucoup de concision et une pointe de flegme. Ce qui, sur le papier, a l’air simple et réglé à la lettre, ressemble plus à un challenge physique qui demande une certaine endurance et une grande concentration.
Alistair démarre sa journée de travail à 7h30, il s’informe sur les conditions climatiques, la direction du vent, etc. Il vérifie également les tâches de son équipe, va jeter un oeil aux carcasses du gibier tiré la veille, s’il y en a, afin de vérifier si la viande se détend comme il faut.
A 9 heures tapantes, il passe au Lodge -l’endroit où logent les chasseurs touristes- afin de démarrer les festivités cynégétiques. Au préalable, il a choisi une zone spécifique dans le vaste domaine, où les derniers relevés et observations ont signalé des hardes.
Il emmène donc ses « invités » jusqu’au point de départ d’une ascension montagneuse pour le moins… rude. Imaginez les versants des Highlands comme des escaliers à ciel ouverts : très inclinés, accidentés et interminables. On grimpe, on grimpe, on grimpe. La brume nous entoure, l’humidité est très importante et perle sur nos vêtements et notre peau. La nature est calme, on entend juste le souffle -parfois puissant- de ses compagnons d’ascension. Tout ceci en tentant de suivre Alistair, qui grimpe tel un chamois, en prenant le temps d’observer les alentours à la recherche du gibier tant convoité.
Après avoir repéré les cerfs, il s’agit de s’en rapprocher à contre-vent et le plus discrètement possible, pour ne pas se faire repérer. Une fois arrivés à bonne distance de tir (à plusieurs dizaines de mètres), on s’installe dans un confort relatif pour observer la harde et choisir sa proie. C’est Alistair qui décide quel individu vous pouvez tenter d’abattre.
Présentez arme. Visez. Tirez.
Vous vous en doutez : pas vraiment le droit à l’erreur. Au premier coup de feu, la harde se disperse au triple galop (les pentes montagneuses n’ont pas l’air d’avoir de prise sur les cervidés écossais). Interdiction de tirer dans le tas comme un demeuré. Tant pis pour vous. Soit le groupe repart vers de meilleures latitudes et une nouvelle -éventuelle- fenêtre de tir, soit la journée est trop avancée et on rentre au bercail, bredouille.
Dans le cas d’un tir « dans le mille » (Well done !), il faut encore descendre jusqu’au cerf abattu … et le porter jusqu’en bas de la « colline », comme dirait Alistair. Bien qu’il soit accompagné par plusieurs intendants, il est de bon ton de donner un petit coup de main… mais c’est vous qui voyez. Et si vous aviez souffert de l’ascension, dites-vous que ce n’était rien comparé à la descente : les articulations en prennent un coup !
Vous rentrez au bercail vers 17h pour faire un compte-rendu de la journée et vous détendre autour d’un bon whisky, ou de haggis, ou les deux…
J’ai demandé à Alistair de me faire part d’une histoire « croustillante ». Voici celle qu’il a choisie de vous conter :
« En octobre 2011, j’accompagnais des clients français en montagne, quand j’ai pris un peu d’avance pour tenter de localiser le gibier. Soudain, j’ai aperçu une biche, son faon et un yearling (jeune cerf d’un an). Une petite famille, en somme. La biche broutait, pendant que le yearling et le faon faisaient une sieste non loin de là. En observant les alentours, j’ai découvert qu’un renard dormait tranquillement quelques mètres au-dessus de la petite harde. Ils étaient visiblement totalement inconscients de la présence les uns des autres, ou s’étaient tous mis d’accord pour cohabiter sur ce flanc de montagne.
J’ai fait venir mes clients discrètement, pour leur faire profiter de la scène. Nous sommes restés de longues minutes à contempler ce tableau insolite, avant de rebrousser chemin discrètement, pour ne pas les déranger. J’aurais aimé qu’un artiste soit à mes côtés pour immortaliser ça, c’était magnifique ! »
Si vous êtes séduit par l’aventure écossaise, et plus précisément la chasse aux cerfs dans les Highlands, rendez-vous sur le site de Glenfinnan Estate, rubrique « Stalking » : http://www.glenfinnanestate.co.uk/glenfinnan-stalking.asp.
Vous y trouverez toutes les informations utiles pour planifier votre séjour. Et si vous le désirez, vous pouvez même emmener des non-chasseurs. Il y a un tas d’activités à faire dans les environs, la région vaut le détour à elle seule.
Et vous, quel est le séjour de chasse qui vous a le plus marqué ? Faites-nous part de votre expérience, nous serions ravis de vous publier !