Chasser en zone humide requiert d’observer quelques règles établies par la loi. Parmi celles-ci figure l’interdiction de certaines munitions jugées nocives pour la faune de tels milieux. Conformément aux accords internationaux signés au préalable par la France, l’utilisation de la grenaille de plomb dans les zones humides françaises est, depuis juin 2006, interdite pour la chasse ainsi que pour la destruction des animaux nuisibles.

Le saturnisme

L’interdiction de l’usage de la grenaille de plomb est liée aux risques de saturnisme. Cette maladie, qui tire son nom de la planète Saturne (symbole du plomb pour les alchimistes), est une intoxication susceptible d’affecter tous les animaux et, de façon notable, les oiseaux d’eau. Ces derniers, en effet, ingèrent et conservent dans leur gésier les billes de plomb présentes dans la vase des nappes d’eau lorsqu’ils se nourrissent. La toxicité du plomb augmente avec la dissolution de la matière dans l’organisme et finit par atteindre les différents tissus via le sang, pouvant ainsi entraîner la mort du sujet.
Face aux risques encourus par les oiseaux (les anatidés en particulier), le législateur a – à juste titre – estimé de son devoir de prohiber en milieux humides non seulement l’usage des billes de plomb mais également celui des billes de plomb enrobées de nickel ou de cuivre, l’altération de telles enveloppes par dissolution provoquant une intoxication parfaitement identique à celle du plomb seul.

Qu’entend-on par zones humides ?

Par zones humides, la loi entend principalement : les zones de chasse maritime (à la fois les eaux territoriales et le domaine public maritime. « Dans ces espaces, tous les chasseurs, quel que soit le gibier chassé, doivent employer des grenailles de substitution », lit-on sur le site de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage) ; les marais non asséchés, c’est-à-dire tout terrain inondé périodiquement et qui présente une végétation de nature hygrophile (là encore, les grenailles de substitution sont obligatoires – même si l’on chasse un autre gibier que le gibier d’eau, un faisan par exemple, et que les billes n’ont aucune chance de retomber dans l’eau après le tir) ; les fleuves, rivières, canaux, réservoirs, lacs, étangs et nappes d’eau, quel que soit leur statut, public ou privé (la même interdiction prévaut, sans exception eu égard au mode chasse et à la direction du tir). Précision importante, concernant le troisième groupe de zones mentionnées : au sein de la bande des 30 mètres qui jouxte les bords de celles-ci (fleuves, rivières, etc.), l’utilisation de la grenaille de plomb est également prohibée. Cependant, cette interdiction ne s’applique pas si l’on ne tire pas dans la direction de la nappe d’eau et si l’on est certain que la gerbe ne peut pas retomber dans l’eau (ainsi, par exemple, lorsque le tireur est posté dos à la rivière). Mais attention, cette restriction de l’interdiction n’affecte, répétons-le, que le cas spécifique selon lequel le chasseur se trouve dans la fameuse bande des 30 mètres ! Enfin, il va de soi qu’au-delà de 30 mètres du bord de l’eau, l’interdiction de la grenaille de plomb ne s’applique pas, quelle que soit la direction du tir.
Le tir à balle de plomb en zones humides

Pour ce qui est du grand gibier, le tir à la balle de plomb en milieu humide est autorisé. On estime que la balle ne présentant pas l’effet dispersant de la grenaille, elle ne conduit pas à une propagation de plomb identique dans l’eau. Néanmoins, dans les secteurs où il est autorisé, le tir des chevreuils à la bille de plomb n’est en toute logique pas réglementaire en zone humide : là encore, la grenaille de substitution s’impose. Par ailleurs, le tir à balle de plomb des nuisibles (ragondins, rats musqués, etc.) demeure autorisé. Mais si l’on utilise une cartouche de grenaille à cette fin, elle doit impérativement être chargée d’une matière substitutive et donc ne pas contenir de plomb.
Précisons qu’en cas d’infraction, le contrevenant s’expose à une amende allant de 135 à 750€…

Qu’est-ce qu’une grenaille de substitution ?

En remplacement du plomb, les fabricants ont mis au point de multiples munitions de substitution. Pour ce faire, ils ont fait appel à différents matériaux : l’acier, bien sûr, mais aussi le mélange zinc-étain, le cuivre doux, l’alliage bismuth-étain ou encore le tungstène. Hormis la relative variabilité de la performance et des tarifs attachés à chaque grenaille de substitution, il est impératif de bien vérifier que la munition choisie est compatible avec l’épreuve de sécurité subie par le fusil utilisé. Les munitions classées « haute performance » ou composées de tungstène sont réservées aux armes éprouvées billes d’acier, et qui ont donc reçu le fameux poinçon représentant une fleur de lys. Dernière remarque : la densité de ces matières – l’acier, par exemple – n’étant pas identique à celle du plomb, il convient de se renseigner auprès de son armurier afin de savoir quel numéro privilégier sur tel oiseau pour obtenir une efficacité proche de celle du plomb.