Un matin de décembre nous étions postés.

Au-dessus de zéro deux degrés maintenaient

Une chaleur factice, à l’orée des bosquets.

Les geais, merles et grives s’étaient éclipsés

 

D’emblée – comme à l’accoutumée. Profonds et vifs,

Les récris de la meute avaient percé les bois :

Gorges chaudes, tendues, ils formaient un récif

Fatal au sanglier, et au cerf aux abois.

 

Je m’attendais encore à voir surgir l’auroch,

L’ours, sinon l’élan, ou du moins le chevreuil !

L’espoir fait vivre, au vrai ; et je rivai mon œil

 

Au pied d’un chêne nu, écrasant, tel un roc,

Quand je vis débouler – gros comme un écureuil –

Un lapin tout chétif, qui peinait dans les feuilles…