Mon première article parlait des nuisibles, et comme je cherche à en savoir toujours plus sur le monde de la chasse, tout nouveau pour moi, je me suis demandé comment attraper tous ces animaux qui dérangent ? Aujourd’hui, je vais donc vous parler du piégeage, un ensemble de techniques pour les capturer. Ce domaine reste un univers restreint, pratiqué par une minorité de personnes (environ 200.000 titulaires d’un agrément de piégeage en France). Pourtant, il est utile pour assurer une homogénéité des espèces nuisibles dans toutes les régions de France. Quelles sont les différentes techniques autorisées par l’UNAPAF (Union Nationale des Associations des Piégeurs Agréés de France) ? Je me suis renseigné pour vous et je vous dis tout !
5 catégories de piégeage
Dans ma recherche, j’ai découvert qu’il existe 5 catégories de pièges dont les finalités sont différentes (capture par contention, pièges pour tuer, capture de l’animal par une partie du corps,…). De plus, ils vont être différenciés suivant le type de nuisible que l’on souhaite attraper.
Pièges par contention
Ces pièges de catégorie 1 ont pour objectif de capturer l’animal par contention dans un espace clos, sans le maintenir directement par une partie de son corps. Le but est donc de tendre un traquenard aux animaux pour qu’ils rentrent dans une cage, ou dans une boite, attirés par un appât et s’y retrouvent bloqués, mais pas maintenus.
Il s’agit de la seule catégorie dont le piège ne nécessite pas d’homologation et qui peut être conçu par le piégeur (qu’il soit agréé ou non). Pour la capture de ragondins et de rats musqués, le piège ne nécessite pas l’agrément du piégeur, cependant il est obligatoire pour tous les autres animaux.
Les différents types de pièges de cette catégorie sont les belettières, les cages à fauves (attention, obligation de laisser un trou de 5x5cm pour laisser sortir le vison d’Europe qui est une espèce protégée), les poulaillers à renard avec compartiment à appât (volailles), les cages à pies, à geais, ou à corvidés, les boites tombantes ou mues avec appât pour mustélidés, renards, corvidés, …
Pièges tuant l’animal sur le coup
La catégorie 2 reprend les pièges déclenchés par pression sur une palette ou par enlèvement d’un appât, ou tout autre système de détente.
L’objectif, ici, est de tuer l’animal sur le coup ! C’est pourquoi le piégeur doit avoir l’agrément. Les 2 types de pièges principaux de cette catégorie sont : les pièges à œuf (ou appât) et les pièges en X (photo ci-dessous).
Attention, son usage est strictement interdit pour les cas suivants :
- à moins de 200m des habitations de tiers ou 50m de voies ouvertes au public (routes, autoroutes, chemin, voies SNCF, allées,…), sauf pour les cours, jardins et enclos;
- jusqu’à 200m de la rive aux abords des cours d’eau et points d’eau dans les territoires faisant l’objet d’une politique spécifique de restauration du vison d’Europe. Il en va de même pour les zones où la présence de la loutre d’Europe et du castor d’Eurasie est avérée;
- les pièges en coulée sont prohibés.
Pièges à collet
Les collets font partie de la catégorie 3. Ils sont munis d’un arrêtoir (obligatoire) pour éviter l’étranglement puisque ces pièges capturent l’animal par le cou. Ils sont destinés exclusivement à la saisie du renard.
La législation veut que le bas du collet se trouver entre 18 et 22 cm du sol et mesure 20 cm de diamètre maximum. L’attache le reliant à un point fixe ou mobile doit comporter au moins un émerillon ou un système similaire permettant d’accompagner les mouvements de l’animal en évitant la torsion du collet ou du lacet.
Pièges à lacet déclenchés par pression
Les pièges de la catégorie 4 sont déclenchés par pression sur une palette, ou tout autre système de détente qui déclenche le lacet. Ils ont pour objet de capturer l’animal par une partie de son corps, sans le tuer.
Ce piège vise essentiellement les renards et doit obligatoirement contenir un émerillon. Les modèles existants sont : le Belisle, le Billard, le Albert, le Godwin.
Pièges entraînant la mort par noyade
Enfin, le catégorie 5 repend les pièges n’appartenant pas aux catégories précédentes et ayant pour effet d’entraîner la mort de l’animal par noyade.
Les nuisibles visés sont les ragondins et les rats musqués. Le dispositif se présente sous la forme d’un bidon à double fond (réalisé sous le contrôle de la DDAF du Calvados) ou d’un fût cylindrique muni d’une cage immergée (réalisé dans le département de la Mayenne).
Il est interdit de les utiliser jusqu’à 200m de la rive aux abords des cours d’eau et points d’eau dans les territoires faisant l’objet d’une politique spécifique de restauration du vison d’Europe. Il en va de même pour les zones où la présence de la loutre d’Europe et du castor d’Eurasie est avérée. Ils sont également interdits en Gironde !
Que dit la loi ?
Comme vous vous en doutez, le piégeage est régi par des lois. En voici un aperçu.
Les fabricants de pièges de catégories 2 à 5 et les produits qu’ils conçoivent doivent obligatoirement être homologués par le ministre de la chasse. Ils doivent également disposer d’une marque distincte permettant l’identification du modèle et de la société.
Excepté pour ceux de catégorie 1, les pièges doivent être mis en place par un piégeur agréé et déclaré à la mairie avant son utilisation sur terrain. Il est également obligatoire d’indiquer à courte distance la présence de vos pièges.
Seules les pièges de catégorie 1 peuvent être conçus par vos soin dans leur entièreté et n’ont pas besoin d’être homologués. Cependant, vous devez quand-même prévenir la mairie si vous en posez en dehors d’une habitation ou d’un enclos.
Bien sûr, pour cacher vos pièges (enfeuillage, sous boite, entrée de terrier, etc) vous êtes libre de confectionner le tout comme bon vous semble.
Le relevé des pièges
Vous devez relever les pièges de catégorie 1, 2 et 5 au plus tard avant midi. Pour les autres catégories, le relevé doit se faire dans les 2 heures qui suivent le lever du soleil.
Les animaux attrapés vivants et faisant partie des nuisibles, doivent être mis à mort immédiatement et sans souffrance. Les animaux non-classés nuisibles et capturés accidentellement, doivent être relâchés directement.
Nouveauté depuis 2016
Depuis cette année, la télésurveillance est autorisée pour le piégeage. Bien que les piégeurs l’utilisaient déjà, cette pratique fait maintenant partie intégrante de la législation. Son utilisation va faciliter le relevé des pièges puisque vous serez tenu au courant à distance dès qu’un animal sera capturé (avec géolocalisation du piège) et vous aurez 5 heures pour relever votre piège. Attention que l’appareil doit être déclaré à la mairie pour pouvoir être utilisé. Toutefois, le matériel reste coûteux et vous oblige à en avoir un par piège, donc c’est encore fort peu utilisé.
J’espère vous avoir donné un bon aperçu de ce qui se fait en matière de piégeage. Pour plus d’information sur les pièges, les homologations et les autorisations, faites une demande auprès de votre mairie ou rendez-vous sur le site de l’UNAPAF. Vous pouvez aussi lire le PDF écrit par la Fédération Nationale des Chasseurs.
Crédit photos produits de piègeage : https://www.mclleclercq.com/