La peste porcine africaine [6e partie de la série sur les maladies du gibier]

Publié le 22 juin 2018
Auteur Vincent Piednoir
Dans le petit tour d’horizon des maladies affectant le gibier que nous nous sommes proposé d’évoquer au sein de ce blog, il en est une qui fait aujourd’hui beaucoup parler d’elle – et ce n’est, hélas, sans doute qu’un début : il s’agit de la peste porcine africaine.

Un retour sur l’histoire de la peste porcine africaine

S’il n’est pas une zoonose, ce virus hémorragique (qui provoque de fortes fièvres, une perte d’appétit, des vomissements, des diarrhées, des détresses respiratoires, etc.) est hautement contagieux ; il se transmet vraisemblablement par les tiques, et il tue généralement les animaux infectés en l’espace de quelques jours (de deux à dix), pouvant détruire la totalité d’une population donnée. Il touche aussi bien les phacochères que les porcs ou les sangliers, sans distinction d’âge, et n’a franchi les frontières de l’Afrique subsaharienne qu’à la fin des années 1950.

A partir de cette époque, en effet, des foyers ont été identifiés au Portugal, en Espagne, en Sardaigne, où des mesures d’abattage ont été prises pour éradiquer la maladie – avec succès dans ces deux derniers pays, comme ce fut le cas, en 1985, en Belgique et aux Pays-Bas.

Cependant, en 2007, des cas ont été observés en Géorgie ; les premiers enregistrés dans cette région de l’Europe. Puis ce fut au tour des pays Baltes, de la Pologne, de la République tchèque, de l’Ukraine, de la Russie.

Au cours des quatre dernières années, le nombre de suidés frappés n’a cessé de croître dans ces pays (environ 400 recensés en 2014, mais plus de 4000 en 2017 – animaux d’élevage et sauvages confondus) ; au reste, la propagation vers l’Ouest de la maladie est plus que probable…

Que faire pour limiter son extension?

La situation est d’autant plus inquiétante qu’il n’existe ni vaccin ni traitement spécifique pour le moment. Les seules « réponses » envisageables et mises en pratique sont : le contrôle rigoureux lors de l’importation des animaux d’un pays à un autre (pour les porcs), la lutte contre les vecteurs (tiques), la limitation des réservoirs naturels (sangliers, pour ce qui concerne l’Europe par exemple) et, bien entendu, l’abattage.

De fait, en Allemagne – où l’on redoute les conséquences désastreuses que pourrait avoir la maladie sur la production de porcs, là-bas très importante –, certaines régions ont décidé de verser des primes aux chasseurs pour chaque sanglier tué ; rappelons qu’outre-Rhin, 610 000 bêtes noires ont été tirées l’an dernier, et que les populations ne cessent d’y croître. En Pologne, autre « solution » originale : les autorités allouent aux cynégètes six jours de congés annuels dédiés à la chasse aux sangliers !

Pas encore en France

Mais si, pour le moment, la peste porcine africaine n’est pas encore officiellement présente en France (sa déclaration est obligatoire et doit être immédiate), la menace, naturellement, est à prendre, ici aussi, très au sérieux. Outre l’impact que le virus serait susceptible d’avoir sur l’élevage porcin, on peut assez raisonnablement imaginer celui qu’il aurait sur la pratique de la chasse et, également, sur son économie.

Dans notre pays, presque 700 000 sangliers ont été tués par acte de chasse au cours de la saison passée et, comme en Allemagne, nombre de régions sont le théâtre d’accroissements de populations devenus très problématiques.

Aussi, il y a fort à parier qu’il faille, à l’avenir, augmenter encore les « prélèvements » sur le sanglier, si l’on veut que soit endiguée cette maladie et que, par ailleurs, un certain « équilibre » entre les espèces (notamment gibiers) subsiste. Car ce n’est pas le cas aujourd’hui…

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