Nous l’avons longtemps redouté, c’est désormais une réalité : la peste porcine africaine est à nos portes. Cinq cas ont été constatés en Belgique, à quelques kilomètres seulement des frontières de l’Hexagone. Le risque de voir ce virus se propager en France est bien présent. A quoi devons-nous nous attendre alors qu’il n’existe actuellement ni vaccin ni traitement ?
La peste porcine africaine en quelques mots
Comme son nom l’indique, la peste porcine africaine est originaire d’Afrique subsaharienne, où elle s’en prenait principalement aux phacochères jusqu’à la fin des années 1950.
Cette maladie, inoffensive pour l’homme, provoque chez le suidé des fortes fièvres, une perte d’appétit, des vomissements, des diarrhées, des détresses respiratoires et d’autres joyeusetés. La peste porcine affiche un taux de mortalité de près de 100%. Autant dire qu’elle ferait la fortune de n’importe quel croque-mort si elle touchait les hommes. Mais en plus d’être particulièrement meurtrière, elle est aussi extrêmement contagieuse. Et de fait, en 2007, elle apparaît en Géorgie, aux portes de l’Europe. Un peu plus de dix ans après, la voilà dans nos forêts ouest-européennes.
Mais comment a-t-elle pu parcourir de telles distances ? Le comportement des sangliers, phacochères et autres cochons est le premier facteur à prendre en compte. Rappelons que les suidés sont des animaux sociaux, mobiles et se reproduisant particulièrement vite. Dès lors, une population infectée peut rapidement contaminer de larges périmètres. Et si les autorités ne prennent pas rapidement des mesures, l’effet boule de neige peut aboutir sur une situation hors de contrôle.
Notons également que la mondialisation humaine a sa part de responsabilité. En ouvrant votre frigo, vous constaterez que bon nombre de vos produits alimentaires sont importés. Il en va de même pour la viande de cochon. Si les normes sanitaires françaises sont particulièrement strictes, il n’en va pas toujours de même en Europe de l’est. Tout le monde se souvient des lasagnes au cheval. Soulignons toutefois qu’une récente décision de la commission européenne devrait standardiser les normes de production (et de qualité) au sein de l’Union Européenne.
Quant aux cinq cas de peste porcine décelés en Belgique, les autorités sanitaires privilégient actuellement la piste humaine. Selon elles, des restes alimentaires contaminés, probablement de la charcuterie, auraient été abandonnés sur une aire d’autoroute des Ardennes. Maître cochon, par l’odeur alléché, ne s’est pas fait prier.
Les zones impactées
La peste porcine a tué ses premiers sangliers belges à Étalle, en province de Luxembourg, à un tir de chevrotines de la frontière française. Le gouvernement wallon a immédiatement réagi en interdisant jusqu’au 15 octobre la chasse sur un territoire de 63 000 hectares. Le but ? Empêcher la dispersion des sangliers à l’heure où la saison des battues pointe le bout du canon.
En France, la chasse au bois est désormais interdite dans 43 communes ardennaises proches de la Belgique. Cette mesure de précaution vise à éviter que le virus se répande dans l’ensemble du territoire français au cas où des populations françaises de sangliers seraient déjà contaminées.
Et la suite ?
Pour comprendre ce qu’il risque de se passer si le virus prenait de l’ampleur, il suffit de regarder ce que nos voisins espagnols ont fait lorsqu’ils ont été confrontés à la maladie entre 1960 et 1995.
Pour lutter contre la maladie, il faut prendre trois types de mesure :
- Confinement : les populations de sanglier où au moins un cas a été avéré doivent être confinées dans une zone délimitée. Il faut dès lors interdire les battues dans ces zones, dans la mesure où, traqués, les sangliers ont tendance à parcourir de longues distances. Les élevages porcins se situant dans la zone doivent faire l’objet d’une surveillance particulière afin d’éviter tout contact entre les porcs et leurs cousins des bois.
- Abattage : dans les zones jouxtant les foyers de contamination, il est nécessaire de réduire considérablement le nombre de sangliers. Les chasseurs devront donc y mettre du leur pour faire chuter drastiquement les populations. Avec les interrogations que cela implique. Que se passera-t-il une fois la maladie vaincue ? Comment reconstituer des populations à l’ADN sain, c’est-à-dire en limitant la consanguinité ? A l’heure où les chasseurs démontrent une fois de plus leur intérêt public, il paraît important de se poser la question.
- Prévention : sans doute l’onglet le plus important. Il faut sensibiliser les utilisateurs de la nature. Tout d’abord, évitons de sortir des sentiers battus lors des promenades en forêt. Car si la maladie n’est pas dangereuse pour l’homme, nous pouvons néanmoins en être porteurs. Prudence également avec nos déchets alimentaires, comme le démontre l’exemple belge. Il est également impératif d’être particulièrement vigilants lorsque nous importons de la viande des zones contaminées. Enfin, tout décès suspect d’un suidé doit être pris au sérieux. Un vétérinaire doit absolument investiguer.
Évidemment, nous faisons face à un problème potentiellement dramatique pour la chasse, passion qui nous dévore tous. Cependant, il est important de ne pas céder à la panique. Le problème est actuellement très localisé et le restera peut-être. Il est primordial de tout faire pour empêcher la propagation de ce virus décimant le gibier préféré de bon nombre de Français. Nous pouvons vaincre la maladie en quelques années et non en quelques décennies si nous jetons toutes nos forces dans la bataille.
Il revient aux chasseurs de prouver une fois encore que nous sommes les premiers écologistes de France !