John Moses Browning: évocation d’une légende

Publié le 13 octobre 2015
Auteur Vincent Piednoir
Dans le dictionnaire, à l’entrée « browning », on lit : « Pistolet automatique de 7,65 ». C’est certes un peu court… et cependant, quelle reconnaissance, pour un inventeur, que de voir son patronyme passer ainsi à l’état de nom commun ! D’autant que les exemples d’une semblable conversion ne sont pas légion dans l’histoire des armes… Vous avez dit Browning, John Moses ?

Ogden, Utah, XIXe siècle

Né le 23 janvier 1855 à Ogden, non loin de Salt Lake City (Utah), le Mormon John Moses Browning est issu d’une ancienne famille de colons anglais présents sur le sol américain depuis plus de deux siècles. Rompu aux arts mécaniques, son père est déjà un armurier de talent, auteur de deux carabines à répétition – l’une à barillet, l’autre dotée d’un chargeur de type « harmonica ». Peu attiré par les études, John Moses grandit dans l’atelier de son père : c’est là que, précoce, il développe ce qui apparaîtra bientôt à tous comme un don. A treize ans, il fabrique le prototype de sa première arme à feu ; une petite décennie plus tard, il fonde, avec son frère, la firme armurière qui portera leur nom et qui jouira rapidement d’une excellente réputation dans l’ouest américain. C’est d’ailleurs à cette époque qu’il dépose son premier brevet (pour une carabine à un coup de son cru).

Des Etats-Unis à la Belgique

Au cours des années suivantes, l’inventivité de Browning ne cesse de s’épanouir. Il attire l’attention de fabricants établis tels Winchester, Colt, Remington. Il leur vend un nombre conséquent de brevets : ainsi naîtront, par exemple, la fameuse carabine à levier Winchester 1886, ou la mitrailleuse Browning Modèle Colt 1895… Mais c’est surtout à partir de 1897 que le nom de Browning commencera à entrer dans la légende. Cette année-là, l’Américain rencontre, presque par hasard, le directeur commercial de la Fabrique Nationale d’Armes de Guerre de Herstal (Belgique) qui séjourne aux Etats-Unis pour étudier les nouveautés en matière de… bicyclettes. Coup du destin, Browning vient de faire breveter un pistolet automatique de calibre 7,65 à la technicité révolutionnaire ! Il le propose à la FN ; l’intérêt de celle-ci est immédiat. Décliné par la suite en de nombreuses versions, le Browning 1900 connaîtra un succès planétaire et traversera tout le XXe siècle…

Un inventeur, des inventions !

Forte de cette réussite, la collaboration entre Browning et la FN s’intensifie. L’homme a plus d’un tour dans son sac, et l’entreprise herstalienne bénéficie d’un savoir-faire reconnu mondialement dans le secteur des armes. Quel terreau fertile, pour de belles inventions ! Bornons-nous, à titre d’exemples, aux plus emblématiques . En 1903, John Moses Browning crée le premier fusil semi-automatique de chasse. Fabriqué durant près d’un siècle, l’Auto-5 sera vendu à quelque 4 millions d’exemplaires. En 1913, un autre mythe voit le jour : la carabine semi-automatique 22 LR – nouveau succès, palpable aujourd’hui encore… En 1925, un an avant sa disparition, Browning finalise la réalisation du premier fusil à canons superposés de chasse et de tir – le fameux B25, que beaucoup considère comme une véritable œuvre d’art… Et comment ne pas mentionner pour finir la célèbre BAR ? D’abord conçue par le « Maître » à des fins militaires pendant la Première Guerre mondiale, le principe de cette arme sera repris par ses descendants pour donner naissance, dans les années 60, à la première carabine de chasse semi-automatique à emprunt de gaz…

Génie et transpiration

A la vérité, connaisseurs et experts sont unanimes pour dire qu’il y avait chez cet homme bien plus que du talent. Au cours de sa vie, Browning ne déposa pas moins de 128 brevets portant sur 80 armes différentes. Un chiffre considérable, pour cette génération ! Le secret de sa fécondité ? C’est avec humilité qu’il l’a révélé : « Une goutte de génie dans un tonneau de transpiration » !

Et vous, quelle est votre arme Browning préférée?

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