Le furetage, une technique de chasse ancestrale

Publié le 02 mars 2018
Auteur Vincent Piednoir
Pas bien grand (30 à 60 cm de long), pas bien lourd (400g à 2kg), cet auxiliaire du chasseur sait pourtant se rendre redoutable lorsqu’il s’agit de déloger les rongeurs – et particulièrement les lapins – de leur terrier. Gros dormeur, surtout quand il est rassasié, le furet compte depuis plusieurs décennies parmi les Nouveaux Animaux de Compagnie (NAC) ; son allure et son comportement ne manquent certes pas d’un certain charme – mais il suffit que la voie de sa proie favorite vienne caresser ses narines pour que, mobilisant toutes ses facultés naturelles, le mustélidé retrouve ses réflexes de prédateur, et son efficacité…

Le furetage

Le furetage, comme acte de chasse, fait partie de ces pratiques dont il est difficile d’estimer l’époque d’origine. Les Anciens, romains et grecs, utilisaient le furet pour limiter la prolifération des souris et des rats – et s’en servaient à la chasse comme on le fait aujourd’hui. Ce petit carnivore descend du putois, lui-même domestiqué il y a quelque trois mille ans, mais, contrairement à lui, il n’existe pas à l’état sauvage. On compte principalement deux variétés de ces mustélidés : le furet putoisé et le furet albinos. Si certains chasseurs ont tendance à préférer l’albinos (pour sa visibilité), le sexe semble peu importer lorsque l’on furète, même si les mâles manifestent une plus grande résistance que les femelles : le choix de son compagnon de chasse sera plutôt déterminé par sa taille – il est préférable de privilégier les animaux fins et légers – et par son absence de mordant. Ce dernier est en effet le plus grand défaut auquel on puisse être confronté parce que, d’une part, il n’est jamais agréable de manipuler un furet susceptible de vous « pincer » à tout moment, et, d’autre part, pour la simple raison qu’un furet de ce type aura toutes les chances d’attaquer et de saigner le lapin acculé en son terrier… Or ce n’est pas ce qu’on attend de lui ! Car un furet repu est un furet fin prêt pour la sieste – et lorsqu’on sait que l’animal peut dormir jusqu’à 18 heures sur 24, on comprend que l’attente de son retour puisse être longue, et particulièrement irritante…

La théorie du furetage

En théorie, le principe du furetage est simple : d’abord, il convient d’identifier les garennes, terriers ou lieux divers fréquentés par les lapins – ce qui est relativement aisé. Ensuite, on place à la gueule de chaque sortie une bourse (filet) ou une cage adaptée au sein desquelles la proie viendra, si l’on a de la chance et si l’on s’abstient de faire le moindre bruit, se prendre d’elle-même. La pose de ces pièges répond à des exigences très strictes : elle doit tenir compte de la force de l’impact que provoquera le léporidé en pleine course, et éviter au maximum le risque d’un passage par le haut, le bas ou les côtés (cela paraît enfantin, mais tous les terrains ne sont pas naturellement propices !). Lorsque toutes les issues ont reçu leur bourse ou leur cage, on introduit un ou plusieurs furets dans les galeries (suivant leur importance) : en règle générale, l’instinct de prédation du mustélidé ne tarde pas à s’éveiller, et l’animal, qui semble si amorphe au premier égard, laisse soudain paraître une certaine fébrilité… De fait, tout le travail du furet sera d’aller à la rencontre des lapins, lesquels éprouvent à son endroit une terreur instinctive, véritablement atavique. On chassera plutôt le matin, par temps sec, et l’on ne nourrira pas son furet avant de l’engager dans la bataille (la faim le stimule, comme les chiens à la chasse à courre ou les rapaces lorsqu’il s’agit de « voler »). Si vos auxiliaires sont bons, il leur suffit de quelques instants pour vider un terrier ou… indiquer, par leur prompte sortie, que celui-ci n’est pas ou n’est plus habité. Au reste, si le furetage consiste à prendre les lapins vivants (à des fins de repeuplement, par exemple), on utilise aussi cette technique pour la chasse à tir. Bien entendu, de bons réflexes sont en ce cas nécessaires, car le départ d’un lapin qui se sait poursuivi dans son abri même est généralement très, très vif !

Elever son furet

Elever un furet (ou plusieurs : ils sont plutôt sociables) ne présente pas de grosses difficultés. S’il est en cage, celle-ci doit être grande – ce peut être un clapier… à lapins ! – et propre, avec de la paille fraîche en guise de litière, par exemple. Attention : en France, le furet doit être vacciné contre la rage et identifié avec une puce électronique. Par ailleurs, pour qu’il soit performant à la chasse, il ne faut pas hésiter à sortir régulièrement son animal de sa cage pour jouer avec lui, afin qu’il s’habitue à son maître, et, dans une certaine mesure, finisse par reconnaître son nom. Cela peut aussi contribuer à le rendre moins mordant. Précisons pour terminer que, dans certains départements français, le furetage des lapins de garenne n’est permis qu’à condition d’obtenir au préalable une autorisation individuelle délivrée par le préfet. (Une trentaine de départements étant concernée, il convient donc de se rapprocher de sa fédération pour plus de précisions).

Avez-vous déjà eu l’occasion de chasser à l’aide d’un furet ?

Racontez-nous votre expérience en commentaire.

Découvrez également la fauconnerie, un autre moyen de chasser à l’aide d’un animal.

PRODUITS RECOMMANDÉS