Le fox-terrier, un chien de caractère

Publié le 17 février 2017
Auteur Vincent Piednoir
Selon toute vraisemblance, Milou, le célèbre compagnon de Tintin, en était un… Impossible, en effet, de ne pas songer à ce personnage qui fut sans doute le meilleur ambassadeur d’un chien attachant jusque dans ses apparents « défauts » – le plus immédiatement perceptible étant, sans conteste, son caractère… bien trempé ! Car si Hergé – eu égard aux standards établis par la Société Centrale Canine – a pris certaines libertés dans le dessin et surtout la couleur de la robe de Milou, le créateur de Tintin ne s’est certes pas trompé en attribuant à son inénarrable héros à quatre pattes et à poil dur un surcroît d’intelligence, une bonne dose de courage et une fidélité à toute épreuve…

Poil dur, poil lisse

Originaire d’Angleterre (où il est présent depuis le XVème siècle), le fox appartient – au même titre que le jagd, le border ou le jack russel – au groupe des terriers, ainsi nommés au départ en vertu de leurs qualités naturelles au déterrage et à la chasse sous terre du blaireau et du renard. Depuis le XVIIème siècle, on distingue parmi les fox-terriers deux variétés (standardisées beaucoup plus tard, en 1876) : le poil dur et le poil lisse – le second étant à la fois plus ancien et moins courant aujourd’hui que le premier. A la vérité, on ne relève aucune différence structurelle entre ces deux représentants de la race fox-terrier, exception faite, bien entendu, de la texture de leurs poils, beaucoup plus dense chez le poil dur – qui nécessite, en outre, d’être « épilé » ou tondu régulièrement (3 fois par an) pour éviter l’apparition de certaines pathologies dermatologiques. Si le mâle pèse 8 kg en moyenne et la femelle 7 (pour une longueur totale d’environ 40cm), ce petit chien dispose, relativement à sa taille, d’une belle puissance que souligne encore l’équilibre de son ossature – une puissance que l’on retrouve indiscutablement dans sa mâchoire, plutôt longue et large comparativement au reste du corps (quiconque a déjà vu un fox enserrant un lapin ou un renard sait de quoi il retourne ! Une gueule qui ne lâche jamais, en somme…).

Une demi-portion au caractère bien entier

Elégant, fier, volontiers têtu si le maître ne se montre pas à sa… hauteur, le fox est souvent exclusif et peut se montrer fort jaloux à l’égard d’autres chiens susceptibles d’approcher la famille à laquelle il appartient. Dominant de nature, il ne laissera jamais un congénère (celui-ci fût-il quatre fois plus grand !) envahir impunément son espace : en général, il ira au conflit sans tarder… Bagarreur, et pourtant capable d’une extrême douceur, le fox est un chien nerveux et très affectueux – j’ai connu une femelle à laquelle il fallut toute sa vie durant administrer quotidiennement un traitement contre l’épilepsie… Avec cela, un côté intrépide et joueur, une vivacité extraordinaire qu’il s’agit simplement d’apprivoiser et de canaliser : comme la plupart des chiens (mais sans doute un peu plus !), le fox déborde d’une énergie qu’il est nécessaire de laisser s’exprimer au fil de promenades, de sorties et autres jeux en extérieur… A défaut, ce petit monstre au regard irrésistible n’hésiterait pas à réduire à néant tout ce qu’il trouverait chez vous (coussins, fauteuils, etc.) et à mettre à sac votre pelouse ou votre potager (attention : ce terrier aime à creuser et à gratter lorsque son énergie n’est pas assez exploitée au jour le jour !). Enfin, le fox est un parfait chien de garde, sensible à tout ce qui lui paraît anormal, inhabituel – et, là encore, il n’hésitera pas à le faire savoir par le truchement de ses aboiements, vifs, criards, et parfois exaspérants !

Le fox-terrier n’est pas un chien de salon…

Naturellement, chien rustique et d’une ténacité sans équivalent, le fox terrier est d’abord un excellent chasseur. Dès le début du XIXème siècle, on le sélectionna pour le courre du renard (l’origine de son nom n’aura échappé à personne…), mais il est aussi d’une efficacité redoutable lorsqu’il s’agit de chasser le sanglier, le chevreuil et même le lapin. Sur les grands animaux, son « mordant », son courage et sa vitesse sont très appréciés, notamment en battue – et le grand avantage qu’il présente est de ne pas pouvoir accompagner trop loin les sangliers ou cervidés manqués, contrairement aux chiens courants qui, dans de telles circonstances, ont parfois tendance à prendre le large, mettant ainsi à mal la chasse en cours… Mais si ce chien (qui rapporte rarement) semble très peu goûter la voie si subtile du lièvre et moins encore celle de la plume (il y a cependant des exceptions), ses aptitudes à la vénerie sous terre du renard et du blaireau sont absolument incomparables. Là, le fox est à son aise – par sa taille, d’une part, et par ses facultés olfactives, de l’autre, singulièrement sensibles au sentiment des deux bêtes « puantes », comme on les nommait jadis…

L’auxiliaire indispensable du déterreur

Le principe du déterrage est simple (il n’en va pas nécessairement de même de la pratique !) : on commence par identifier les terriers susceptibles d’être habités – le plus souvent, outre les indices extérieurs, le maître sait à la seule réaction de son chien s’il s’agit d’un renard ou d’un blaireau, et si l’animal est effectivement présent (attention : le déterrage du blaireau peut être fatal au chien, le premier étant capable d’enterrer le second dans le trou, ce que ne fait jamais le renard). Ensuite, la tâche du fox est d’acculer sa proie, en évitant de l’attaquer et en aboyant jusqu’à ce que les déterreurs identifient l’emplacement et se mettent à creuser (on juge de cet emplacement en sondant à l’aide d’une barre à mine, l’oreille collé au sol). Quand tout se passe bien (mais les déplacements sont fréquents !), on finit par tomber sur la tête du chien (ce qui réclame bien des précautions), tête au bout de laquelle se trouve le renard ou le blaireau acculé. Chose curieuse, et dont votre serviteur a maintes fois fait l’expérience : lorsque l’on cherche à détruire une nichée (de renards, surtout), il arrive assez souvent que le fox, mâle ou femelle, remonte sans les blesser les petits renardeaux cachés au fond du terrier. Un autre trait de ce chien de chasse aussi original et contrasté en son panier qu’en pleine nature...

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