Les initiales ELG ou PV encerclées, parfois surmontées d’une couronne, ça vous dit quelque chose ? On retrouve ces poinçons sur toutes les armes -en règle- de notre plat pays. Mais saviez-vous qu’elles doivent passer le fameux banc d’épreuves avant d’être poinçonnées ?

Un banc d’épreuves pour armes ? Késako ? En tant que « chasseur par filiation » dotée d’une imagination débordante, je visualisais des armes assises sur des bancs, dans l’attente de passer leur examen oral dans une matière particulièrement complexe. Et finalement, je me rends compte que je ne suis pas si loin de la réalité.

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Un brin d’histoire pour une remise en contexte

C’est sous Louis XIV que les premières armes à feu portatives apparaissent et se multiplient. La notion de sécurité pour les utilisateurs devient alors incontournable. Des normes et des garanties sont instaurées afin de vérifier la fiabilité et la solidité des armes en circulation.

En 1888 et après de nombreuses modifications des règles, la Loi belge réglemente la pratique en rendant le passage par le banc d’épreuves -centralisé à Liège- obligatoire pour toutes les armes du territoire.

 

A quoi sert le banc d’épreuves ?

Comme vous l’avez lu plus haut, le passage par le banc d’épreuves est obligatoire depuis 1888. La Loi stipule d’ailleurs que : « Nul ne peut vendre, exposer en vente, ni avoir dans ses magasins, boutiques ou ateliers, aucune arme ou partie d’arme sujette à l’épreuve, qui n’ait été éprouvée et marquée des poinçons que comporte son degré d’achèvement« .

En clair, ce fameux poinçon ne peut être obtenu qu’à la suite d’un passage -concluant- au 45 rue Fond des Tawes, à Liège. Il n’existe que ce lieu pour le banc d’épreuves des armes à feu, en Belgique.

C’est là qu’ils :

  • enregistrent le requérant
  • enregistrent le type, le calibre et le numéro de série de l’arme
  • examinent visuellement l’arme
  • effectuent un contrôle dimensionnel
  • contrôlent le fonctionnement
  • contrôlent la sûreté
  • effectuent un tir d’épreuve à l’aide de cartouches d’épreuve
  • effectuent un contrôle non destructif après le tir d’épreuve
  • réalisent un contrôle visuel après le tir d’épreuve
  • marquent les pièces sujettes à l’épreuve
  • encodent les caractéristiques dimensionnelles de l’arme
  • établissent le certificat d’épreuve

Les pièces soumises à l’épreuve légale sont :

  • Les carcasses
  • Les canons
  • Les barillets des révolvers
  • Les culasses et glissières des pistolets
  • Les organes de fermeture et de verrouillages
  • Les bascules

 

Plus d’une corde à son arc

Le banc d’épreuves ne sert pas exclusivement à autoriser l’utilisation des armes à feu. Il permet également de neutraliser les produits qui ont un intérêt historique et / ou esthétique. Donc, le vieux mousquet de votre aïeul peut rester sur le ratelier du salon, à conditions qu’il soit neutralisé et poinçonné à Liège.

Enfin, si vous ne souhaitez pas conserver une arme, le banc d’épreuves est l’endroit idéal pour y déposer votre produit afin qu’il soit détruit dans le respect de la législation en vigueur.

Que ce soit pour l’épreuve, la neutralisation ou la destruction, vous recevez un certificat officiel.

 

Pourquoi parle-t-on d’épreuves ?

Avant de devenir légalement obligatoires, les essais n’étaient réalisés qu’à la demande du propriétaire d’arme(s) à feu. Celle(s)-ci étaient dites « à l’épreuve », « à demi-épreuve » et les meilleures étaient déclarées « à toutes épreuves ».

C’est de la que provient l’expression que nous employons encore de nos jours.

 

Par contre, pourquoi dit-on le « banc » d’épreuves, ça c’est une autre histoire. En connaissez-vous l’origine ? Si oui, n’hésitez pas à commenter l’article !