Disparition des oiseaux : à qui la faute ?

Publié le 22 mars 2018
Auteur Adrien Koutny
Il semblerait que les journalistes des grands quotidiens français soient récemment partis en classe verte. En effet, alors que le phénomène est vieux de plusieurs décennies, les plumes des journaux Le Monde, Libération ou encore Le Figaro s’alarment de la disparition des oiseaux dans nos campagnes. «En 17 ans, un tiers des populations d’oiseaux, toutes espèces confondues, a disparu des campagnes », regrette un journaliste du magazine Science et Avenir. Tout chasseur ou amoureux de la nature est malheureusement déjà bien au fait de cette tragédie campagnarde : les forêts et les champs sont aussi silencieux que des cathédrales. Alors comment l’expliquer ? Plusieurs phénomènes entrent en ligne de compte.

La révolution agricole

La disparition des oiseaux commence dans les années 1960/1970, en même temps que le début du déclin des autres espèces de petit gibier telles que le lièvre ou le lapin. Et ce n’est pas dû au hasard. A ce moment là, les exploitations agricoles françaises changent de paradigme. Les petites exploitations morcelées sont peu à peu remplacées par d’immenses propriétés agricoles tournées vers la monoculture et les rendements maximaux. Les haies, résidences privilégiées des oiseaux, sont rasées. D’énormes champs remplacent les petites parcelles. Ces mêmes champs sont arrosés de puissants insecticides et pesticides qui tuent la seule source de protéine des oiseaux. Avec des conséquences dramatiques pour l’ensemble des bêtes à plume, même granivores. Car la plupart des oisillons sont insectivores durant les premières semaines de leur existence.

L’urbanisation colonisatrice et la parcellisation à outrance

En tant que Belge, il est difficile de faire 5km en voiture sans tomber sur un village, une ville ou une autoroute. Et si nos autoroutes sont remplies de nids de poule, elles font plus office d’épouvantail que de refuge pour les oiseaux. La bétonisation du monde couplée aux monocultures parfumées aux insecticides empiète sur le territoire et les ressources des oiseaux et de la faune en général. Les « Trente Glorieuses », la période de formidable essor économique s’étendant sur 30 ans au sortir de la seconde guerre mondiale, a vu l’emprise humaine sur les campagnes fortement grandir. Une fois de plus, la disparition des oiseaux est intimement liée à notre mode de développement économique.

Une cause polémique : les prédateurs de salon

A moins que vous ne viviez dans un chenil sans électricité, vous l’avez sans doute remarqué : les chats sont partout ! Du coin de la rue au salon en passant par Youtube et le jardin de votre grand-mère, vous ne pouvez pas les rater. Et pour cause, leur population aurait doublé dans l’Hexagone et ce en l’espace de 20 ans seulement.

Une étude américaine parue en 2013 démontrent que les félins d’Outre-Atlantique sont responsables de la mort de 1.3 à 4 milliards d’oiseaux par an. Auxquels viennent se rajouter 6.3 à 22 milliards de mammifères tels que les souris et les mulots. Même si aucune étude n’a encore eu lieu en France, on peut rapporter la méthode américaine à la réalité française. Aux États-Unis, on dénombre entre 110 et 160 millions de chats pour environ 13 millions de félins en France. Pour avoir un ordre d’idée, on divise le nombre de victimes annuelles aux États-Unis par 10 (soit une petite moyenne entre 110 et 160 millions de chats). On arrive à un tableau de chasse de plusieurs centaines de millions d’oiseaux et de mammifères tués chaque année. Des chiffres alarmants qui devraient tous nous interpeller et nous convaincre que la stérilisation des chats est indispensable à la sauvegarde de la biodiversité.

Que faire ?

Si la situation est catastrophique, elle n’est pas encore désespérée. Mais il faut que la réaction soit vive et émane de tous les niveaux. Au niveau politique, il faut tout d’abord mieux réguler l’agriculture en limitant l’usage des pesticides. Il faut donner aux agriculteurs une possibilité d’améliorer leur condition tout en revenant à des productions agricoles plus humaines. Haies et boqueteaux doivent être replantés. Les ornithologues et les chasseurs doivent mieux se concerter afin de sanctuariser certaines zones qui deviendraient le carburant d’une nouvelle croissance des populations d’oiseaux.

Pour finir, et surtout, il faut éduquer nos enfants à la beauté ! Leur apprendre à reconnaitre le chant des mésanges, à s’émerveiller devant les couleurs d’un faisan et à s’extasier devant la danse des hirondelles… Et si, finalement, c’était la clef du  bonheur dans les prés ?

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