Comme la plupart des jeunes gens, c’est avec mon père que j’ai découvert la chasse. J’ai grandi entourée d’armes à feu, j’ai appris le respect, la sécurité et plus encore, l’importance de tirer. Je ne prenais pas cela à la légère, même quand j’étais petite et la passion et l’amour de mon père pour ce loisir piquaient ma curiosité. C’est pour cela que je voulais qu’il m’emmène aux journées de tir et aux Salons du Tir.
Mes toutes premières expériences vers l’âge de sept ans consistaient à transporter les sacs, à installer des cibles et à rester assise tout en apprenant. J’étais chargée comme une mule, mais une mule pleine de volonté ! Découvrir le tir dès le plus jeune âge vous permet d’en savoir davantage sur les armes avant même d’en utiliser une. L’apprentissage est naturel et lorsque le moment fut venu de tirer, je savais que j’étais parfaitement à l’aise et prête.
Le stand de tir, la première étape
À l’âge de 15 ans, j’ai enfin eu la possibilité de tirer. Une fois « LE DISCOURS » (portant sur la sécurité) primordial terminé, j’ai été jugée apte et la partie pouvait commencer. Je m’en souviens bien, c’était un Smith & Wesson M&P 15/22, une superbe petite carabine ! Enfin, je jouais dans la cour des grands ! J’avais gravi tous les échelons pour atteindre le moment où je pouvais découvrir les véritables sensations.
Tirer pour la première fois avec une arme procure beaucoup de plaisir et déclenche un torrent d’adrénaline, mais je ne pouvais que me sentir humble devant la puissance que je tenais entre mes mains. Un sentiment dangereux mais intéressant ! On m’a toujours appris à respecter la puissance du tir sans en être effrayée. J’ai su dès mon premier tir que je ne pourrais plus m’en passer.
Au cours des années suivantes, le tir est devenu un passe-temps, un loisir pour passer un après-midi divertissant, mais aussi, et c’est là le plus important, pour tisser des liens avec mon père (pas que nous n’étions pas proches, mais rien ne vaut une discussion passionnée autour d’une arme pour être sur la même longueur d’onde). Lorsque l’on commence à tirer, il faut assimiler de nombreuses choses : apprendre le jargon des tireurs, l’impact du vent sur le tir, les pas de rayures, le réglage, les montures, les groupements, et je pourrais continuer encore, mais j’apprends toujours.
La chasse, l’étape suivante
Je savais désormais qu’il fallait que je passe à l’étape supérieure. Ne vous méprenez pas, je m’amusais beaucoup au stand de tir, mais j’en voulais plus, et c’est pour cela que je me suis longuement demandé si je voulais être chasseuse. J’avais fait office de spectatrice une majeure partie de ma vie, assise dans le petit matin glacé avec une parka Browning Hell’s Canyon (première génération) bien chaude à attendre le bon moment. Je n’avais jamais eu peur de prêter main-forte pendant l’éviscération des cerfs ou pour les traquer dans la forêt.
Chasser est une autre histoire. Mon père et moi avons souvent eu cette conversation. Il voulait s’assurer que je comprenais la portée de notre action et la différence par rapport au tir sur cible. Peut-être étais-je une adolescente mûre, ou bien était-ce le fait que j’avais grandi dans ce milieu, en tout cas, je comprenais toujours. Il m’a fallu beaucoup de temps pour gagner suffisamment de maturité et de confiance en moi pour décider de tirer sur un cerf pour la première fois.
La patience, une étape important
Je reconnais que je ne suis qu’au début de mon parcours et que l’avancée n’est pas rapide. En fait, plus d’un an après avoir admis mon envie de chasser, il ne s’est encore rien passé. Nous avons déjà fait deux sorties au cours desquelles je n’ai rien vu. La première fois, j’étais un peu contente : même si j’étais prête, c’était quand même un événement. Je me sentais mieux préparée la deuxième fois, mais nous avons fait chou blanc à nouveau.
Les Allemands ont un dicton : « Chaque jour est un jour de chasse, mais on ne tire pas tous les jours ». C’est exactement ça ! En revanche, j’acquiers davantage d’expérience avec les armes à feu à chaque sortie, donc croisons les doigts pour que la troisième fois soit la bonne.
Je comprends désormais qu’il n’y a pas lieu de se précipiter, et ce, pour une bonne raison. Je sais que cela arrivera un jour, et si ce n’est pas le cas et que l’on en arrive au point où je ne suis pas prête à appuyer sur la gâchette, je sais que c’est aussi une bonne chose ! Car j’ai surtout appris que rien ni personne ne pouvait vous pousser ou vous forcer à prendre une aussi importante décision !
Et vous, quelle a été votre expérience pour devenir chasseresse/chasseur ?