Sangliers : faut-il les chasser 365 jours par an ?

Publié le 06 septembre 2016
Auteur Sébastien Maréchal
Vous aussi, vous voyez les sangliers approcher plus près des maisons, se nourrir des cultures, ou détruire les terres ? Les compagnies sont de plus en plus importantes et pourtant, la chasse s’est intensifiée. Dans certains départements, ils sont chassés toute l’année et même de nuit. Rien que sur la saison 2016, près de 600.000 sangliers ont été prélevés en France. Que faut-il faire pour réguler sa population ?

Les causes de la surpopulation des sangliers

Afin de mieux comprendre la nécessité d’une chasse intensive toute l’année, je me suis renseigné sur les causes de cette forte expansion des compagnies.
Étonnamment, il n’y a pas qu’une seule cause, mais plutôt un ensemble de paramètres qui rentre en ligne de compte :

  • Le climat plus clément ces dernières années permet à la bête noire de proliférer plus rapidement et d’étendre son territoire en montant plus haut en montagne ;
  • Les sangliers s’étendent également dans les plaines suite au développement de la maïsiculture ;
  • Les laies meneuses de compagnies sont de plus en plus intelligentes et évitent les zones à risques ;
  • Des mises-bas précoces pour des petites laies de 30 à 32kg au lieu de 35kg auparavant ;
  • Des naissances tout au long de l’année ;

Il est donc difficile de combattre cette surpopulation en agissant uniquement sur une cause.

Quelles sont les solutions possibles ?

« Facile, c’est marqué dans le titre ! » me direz-vous. Et effectivement, les chasser quasiment toute l’année est la solution adoptée dans l’Est de la France et notamment en Moselle, dans le Bas-Rhin et le Haut-Rhin. Ainsi, le sanglier est classé gibier du 15 avril au 1er février et nuisible du 2 février au 31 mars. Ce qui lui laisse 14 jours de répit, mais uniquement en forêt ! Autant dire qu’il a intérêt à en profiter pour se reposer un peu…

Certains départements autorisent également la chasse de nuit, avec une lumière en zone PAC (Politique Agricole Commune) pour le Bas-Rhin, sans lumière mais sous conditions pour d’autres. Les résultats sont positifs en terme de nombres de bêtes noires prélevées, mais pas encore suffisant d’après les FDC locales pour un équilibre agro-cynégétique.

Autre possibilité abordée, tirer les grosses laies ou les laies pleines permettrait de réduire rapidement la surpopulation.

Le tir de persuasion en abord de champ fait également partie des discussions entre les différentes fédérations. Il permet d’indiquer un territoire inhospitalier aux laies meneuses qui feront éviter l’endroit au reste de la compagnie. Toutefois, ça limite les dégâts dans l’agro-alimentaire, mais pas la surpopulation.

Quelques personnes espèrent même une myxomatose des sangliers pour en réduire le nombre sans trop d’effort…

Deux écoles s’affrontent

Ce n’est pas tout ça, mais ils en pensent quoi, les chasseurs, des réglementations ?

La chasse est une passion, un état d’esprit. Depuis la nuit des temps, les enfants de chasseurs sont éduqués avec cette empreinte d’une chasse éthique et passionnelle, mais surtout utile à l’écosystème. Alors qu’en est-il quand la législation bouleverse leurs convictions ?

Eh bien, ils le font savoir. En effet, dans plusieurs départements, les chasseurs ont du mal à tenir un rythme élevé de chasse. Partir 2 à 3 fois semaines n’est pas facile à concilier avec une vie de famille. Les chasseurs âgés ont aussi du mal à être physiquement aptes à tenir toute l’année.

Dans le sud, les terrains sont difficiles à pratiquer, du coup, les chasseurs préfèrent organiser des battues avec chiens efficaces pour réduire le nombre de jours de chasse.
Entre tradition séculaire et nécessité de réguler le nombre d’individus, le choix est difficile pour beaucoup de chasseurs.

Vers un bouleversement de nos convictions ?

Mon esprit s’échauffe ! Pour moi, l’éthique doit rester un des piliers centraux de la chasse. C’est une passion avant tout !

Mais il faut reconnaître qu’il est grand temps d’agir, car la bête noire devient envahissante et que sa population continue de croître. Alors avant d’en arriver à un tir agressif et sans tri sélectif, il faut trouver une solution pour la régulation de l’un des gibiers les plus respectés, le sanglier.

Le tout est de ne pas mettre de côté nos convictions, mais bien de s’adapter à la réalité de la situation, car nous n’avons pas le choix.

Quel est votre avis ? Faut-il chasser les sangliers toute l’année ?

Sources :
« La revue nationale de la chasse » – Août 2016 – p.20 à 31
« Le chasseur français » – Juillet 2016 – p.24 à 28

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