Quelques mots sur le calibre 20

Publié le 01 décembre 2015
Auteur Vincent Piednoir
Autrefois, ce calibre élégant et réputé pour sa légèreté était réservé aux dames. « C’est un calibre de femme », disait-on alors… Mais les temps ont bien changé depuis : à en croire ses adeptes – de plus en plus nombreux – il serait peu sportif d’utiliser un 16, et presque indécent de préférer le 12 ! De fait, quel chasseur attaché à ce dernier calibre n’a jamais surpris, dans le regard de l’inconditionnel du 20, un rien d’ironie ou d’innocente moquerie ? Le calibre ferait-il, en définitive, la qualité du nemrod ?

Quelques notions

Rappelons d’abord ce que signifie la notion de calibre appliquée aux canons lisses. D’ordinaire, elle ne s’exprime pas en millimètres mais selon un système de mesure établi depuis le XVIIe siècle. Le calibre d’un fusil correspond au nombre de balles parfaitement sphériques que l’on peut fabriquer à partir d’une livre de plomb. Plus le chiffre désignant ce calibre est grand, plus le calibre lui-même (et donc le diamètre intérieur du canon) est petit. Douze balles équivalent au calibre 12 ; seize, au calibre 16 ; vingt, au calibre 20 – et ainsi de suite…

Autre élément décisif : la taille de la chambre – laquelle est, grosso modo, l’emplacement où l’on insère les cartouches. C’est elle qui détermine la charge des munitions qu’il sera permis de tirer dans tel ou tel calibre : pour un 12, par exemple, cette charge variera entre 32 et 64 grammes (attention : selon qu’il sera chambré en 70, 76 ou 89 !) ; pour un 20, elle variera entre 24 et 36 grammes (selon qu’il sera chambré en 70 ou 76).

Qualités du calibre 20

Autant dire qu’un calibre 20, tel que le B725 Hunter UK Black Gold 20M illustré ici plus haut, n’est pas destiné au tir des munitions lourdes… et qu’il serait même, pour ce type d’arme, « contre nature » de l’envisager ! Mais, dans ce cas, quelles sont ses qualités spécifiques – et pourquoi entend-on si fréquemment ses adeptes affirmer qu’ils n’en changeraient « pour rien au monde » ?

Premier avantage : comparé à d’autres, le 20 bénéficie d’un poids plume (2,7 kg en moyenne), un poids qui optimise d’autant sa maniabilité et, par conséquent, la vitesse d’exécution du tir. Avec lui, le swing gagne en souplesse ; il est particulièrement intuitif ; et d’aucuns pensent que le 20 est imbattable lorsqu’il s’agit d’atteindre un « traversard »… En outre, étant donné les charges qu’il est amené à projeter, il « cogne » moins à l’épaule et s’avère un excellent compagnon de route pour la chasse devant soi du petit gibier. Lorsqu’on marche beaucoup, il est en effet préférable de disposer d’une arme légère.

On pense enfin, sans doute à juste titre, que le 20 épargne davantage la venaison – ce qui n’est pas négligeable quand on considère la chose sous l’angle de la cuisine…

Un calibre d’esthète ?

Le calibre 20 a donc de beaux atouts. Mais ce qui séduit ses fidèles semble relever, en réalité, d’une tout autre dimension – une dimension qui n’est pas étrangère à la manière dont chaque chasseur envisage sa passion. Il s’agirait là d’un calibre d’esthète, destiné en priorité aux tireurs de qualité et à ceux qui identifient la cynégétique à un art véritable… Souvent associé à l’arme fine – voire à l’arme de luxe –, le calibre 20 serait celui des puristes, des chasseurs très appliqués ; il serait plus « sport » que les autres calibres, dans la mesure où, face à lui, le gibier aurait davantage de chance – la réussite dépendant presque exclusivement de l’habileté du tireur

Il y a du vrai dans tout ceci, c’est indiscutable. Et cependant un critère a été oublié qui est certainement le plus décisif.

Le critère premier : tuer net

Une arme de chasse, quelle qu’elle soit, a pour fonction première non seulement de tuer mais de tuer net – autant qu’il est possible. Prendre le risque de blesser ou de perdre un animal parce qu’on a opté pour un calibre trop petit et, par conséquent, inadapté, c’est toujours pécher par excès de raffinement, et c’est surtout, sous couvert d’être « sport », l’être fort peu en définitive… Les prouesses de tel tireur ont-elles la moindre valeur si elles sont précédées ou suivies d’une quantité importante de gibiers blessés ou perdus ? Un chasseur digne de ce nom doit connaître les limites de l’arme qu’il affectionne, en particulier quand il s’agit d’un petit calibre. Il doit savoir se borner aux gibiers que ses munitions sont raisonnablement capables d’abattre ; il doit savoir estimer les distances, apprécier les conditions défavorables au tir, et, lorsque c’est nécessaire, s’abstenir d’appuyer sur la détente.

Conclusion

Le calibre 20 est donc un calibre d’expert – et ce mot est à prendre au pied de la lettre. On peut parfaitement le préférer, mais sachez qu’il exige une éthique de chasse d’autant plus rigoureuse. Car ce n’est pas la finesse du calibre qui fait la qualité du nemrod : c’est, au contraire, la qualité du nemrod qui permet au calibre choisi de s’exprimer pleinement… fût-ce un 12, un 16 ou un 20 !

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