L’Echinococcose Alvéolaire [2e partie de la série sur les maladies du gibier]

Publié le 04 mai 2016
Auteur Vincent Piednoir
Derrière ce terme un peu barbare se cache une maladie dont tous les usagers de la nature (et a fortiori les chasseurs) doivent se méfier. Présente principalement à l’échelle du globe dans l’hémisphère nord, cette zoonose touche chaque année un faible nombre de personnes; cependant, le risque de complications susceptibles d’entraîner la mort est certain. Cela est d’autant plus vrai que la détection des symptômes cliniques est, dans la plupart des cas, très tardive : cinq à quinze années peuvent s’écouler entre la contamination et l’apparition des premiers signes.

Un cercle vicieux

L’échinococcose alvéolaire est une maladie parasitaire due à la présence d’un petit ver plat appelé Echinococcus multilocularis. Dans un premier temps, cet échinocoque est ingéré par les carnivores domestiques ou sauvages (renards, lynx, mais aussi chiens ou chats), lorsque ceux-ci mangent des petits rongeurs infectés (type campagnols, etc.). Ces animaux hébergent alors le ver dans leur intestin grêle et, progressivement, rejettent les milliers d’œufs microscopiques qu’il produit par leurs déjections. Au contact de celles-ci (soit par ingestion d’eau ou d’aliments souillés), de nouveaux rongeurs seront ensuite contaminés – qui feront office de proies, assurant ainsi la pérennité du parasite… Basé sur la transmission d’hôte à hôte, ce cercle vicieux est d’autant plus performant que l’adhérence des œufs sur les végétaux et leur résistance aux conditions environnementales (notamment climatiques) sont très fortes. Ils survivent à une température équivalente à -20°C.

Une zoonose

L’échinococcose alvéolaire est une zoonose – ce qui signifie qu’elle est transmissible à l’homme. En général, la contamination advient lorsqu’une personne entre en contact avec un animal infecté (vivant ou mort) ou avec des végétaux souillés par la présence d’œufs de ce parasite. Cela peut s’effectuer directement (contact avec les animaux de compagnie ; leurs pelages sont propices) ou indirectement (quand on consomme des fruits ou des légumes auxquels certains animaux sauvages, comme le renard, ont pu avoir accès au préalable).

Dans tous les cas, c’est l’ingestion d’œufs qui est en cause. Mais si le développement des larves est très long, la maladie touche principalement le foie, en faisait apparaître sur celui-ci des lésions de forme alvéolaire et en provoquant la survenue d’une tumeur qui peut entraîner la destruction totale de l’organe. Il arrive également que d’autres organes (poumons, cerveau, muscles – par exemple) finissent par être colonisés.

Traitement

Il n’existe pas de vaccin. Un traitement médicamenteux peut être pris – à vie – mais son efficacité se limite à ralentir la progression de la maladie, sans tuer le parasite. Une intervention chirurgicale est aussi envisageable selon les cas, intervention au cours de laquelle on procèdera à l’ablation des parties du foie infectées. Enfin, une greffe totale de l’organe est possible.

Pour réduire le risque d’une contamination…

En tout état de cause, l’échinococcose alvéolaire est une pathologie très grave, contre laquelle il importe de se prémunir. D’abord, il est fortement conseillé d’observer les règles d’hygiène les plus élémentaires : éviter de se laisser lécher le visage par son chien, ne jamais le nourrir dans une assiette que l’on utilise soi-même, ne pas porter sa main à sa bouche ou à ses yeux après avoir caressé son animal de compagnie – animal qu’il convient d’ailleurs de vermifuger régulièrement (deux fois par an).

Ensuite, l’échinocoque étant très résistant au froid, les congélateurs domestiques sont impuissants : seule une température de -70°C au minimum assure sa destruction. En outre, il est indispensable de laver soigneusement les aliments d’origine végétale (champignons, pissenlits, myrtilles ou fraises sauvages, etc.) et de les cuire à 60°C pendant au moins 30 minutes – pour être certain d’éviter tout risque d’infection (les mêmes précautions doivent être prises s’agissant de fruits et légumes issus de potagers potentiellement accessibles aux chiens, chats, renards, etc.).

Enfin, mention spéciale pour les chasseurs et, particulièrement, les piégeurs : les renards morts ne doivent être manipulés qu’au moyen de gants jetables ! S’en emparer à main nue – a fortiori par la queue (la contamination s’effectue par les fientes) – doit désormais être considéré comme proscrit.

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