L’aménagement du territoire de chasse pour le grand gibier

Publié le 16 août 2016
Auteur Hélène
Retenir le gibier et améliorer son confort sur votre territoire de chasse. On croirait presque, à ces mots, qu’on parle d’une zone touristique ou d’une maison d’hôtes. Et en fin de compte, on constate que prendre soin de quelques hectares « verts » s’apparente à une certaine nécessite, mais sans bouder son plaisir !

Chasseur et garde champêtre : un objectif commun

Gestion cynégétique et gestion forestière sont étroitement liées, bien que parfois opposées sur certains aspects. L’aménagement et la gestion du territoire sont un sujet pour lequel elles doivent collaborer main dans la main. L’objectif est double : maintenir une faune sauvage relativement abondante, sans diminuer la production de bois de la forêt.

En effet, l’un des rôles du garde forestier est de « cultiver » les zones boisées. Elles ont un aspect économique, correspondent à un certain degré de rentabilité. L’enjeu lié à la préservation du territoire est donc accru, surtout lorsqu’il s’agit de jeunes plantations.

Prendre soin des peuplements forestiers

Les jeunes plantations font partie des mets favoris des chevreuils, pour ne citer qu’eux. Surtout au printemps et en été, quand elles sont généreuses en rejets ligneux. Evidemment, le forestier sera particulièrement attentif à protéger ces zones en posant un grillage ou des protections individuelles.

Cependant, on peut facilement limiter les dégâts en entretenant correctement les interlignes : les ronces qui poussent sur les interlignes sont sources de nourriture et d’abri pour le gibier. Il va les privilégier aux jeunes arbres en termes de « préférence alimentaire ». De plus, elles vont lui compliquer l’accès aux jeunes plants. On déconseillera un broyage systématique des interlignes. Veillez à dégager la cime des arbres afin qu’ils soient toujours plus hauts que les ronces. Ils seront protégés et pourront grandir en toute quiétude.

Entretenir les allées, lisières et clairières

Les allées sont entretenues avant tout pour permettre une bonne circulation en forêt. Cela dit, avec quelques aménagements, elles peuvent aussi devenir une source de nourriture pour les animaux. Il suffit qu’elles soient un peu plus larges que le minimum prescrit, bien dégagées et suffisamment exposées à la lumière. De cette manière, une banquette herbeuse s’installera naturellement. Il suffira ensuite de l’entretenir régulièrement par broyage afin que l’herbe y reste toujours tendre. Un must pour le gibier, sans devoir mettre le nez en dehors de la forêt !

Les lisières sont des zones » perdues » pour l’agriculture à cause des racines d’arbres et de l’ombre qu’ils procurent. Autant utiliser ces quelques mètres de végétation au profit des animaux : vous pouvez y faire des cultures pour l’alimentation ou la reproduction; mais aussi des zones de gagnage qui préserveront les parcelles agricoles alentour (et la bonne entente avec l’agriculteur, par la même occasion).

Enfin, les clairières sont des zones indispensables en forêt. Si votre territoire n’en possède pas assez, il suffit d’en créer en abattant les arbres (renseignez-vous au préalable auprès de votre commune pour connaitre les règles en vigueur sur ce point)  et en ôtant les souches. Idéalement, faites-en d’une superficie d’un hectare minimum. Elle pourra jouer pleinement son rôle de gagnage pour les cervidés.
Entretenez-la à raison d’un broyage par an, en dehors des périodes de reproduction. Vous pouvez y semer du ray-grass ou de la fétuque, tous deux particulièrement appréciés par les chevreuils et les cerfs.

Quid des cultures à gibier ?

Avant de vous lancer dans cette entreprise, veillez à faire un diagnostic de votre territoire, afin de mettre en évidence ce qui manque et l’époque à laquelle cela manque. Pensez également à ce que cela permette de limiter les dégâts, forestiers ou agricoles.

Comme vous l’avez lu plus haut, les cervidés apprécient particulièrement les prairies de ray-grass, de fétuque, de luzerne ou de trèfle. Les sangliers sont nettement plus friands de maïs et de topinambours. Veillez à protéger vos cultures au moment des semis, histoire de vous éviter de mauvaises surprises liées à une destruction pure et simple de vos jeunes pousses.

Exceptionnellement – et pour prévenir d’éventuels dégâts sur les plantations agricoles- vous pouvez pratiquer l’agrainage de sangliers avec du maïs pendant la période de semis afin de « détourner leur attention ». Sachez cependant que cette pratique, en dehors des situations temporaires et justifiées, est relativement insensée si elle sert à nourrir artificiellement la population de sangliers sur votre territoire.

Le but de ces cultures est, entre autres, de garder le gibier au sein de la forêt. Bien que cela semble évident, n’oubliez pas de prévoir vos zones de cultures à l’intérieur de votre territoire et non en bordure de celui-ci…

Attention aux excès !

L’agrainage (pour sangliers) est, selon les puristes, une méthode extrême apparentée à une dérive consumériste qui provoque, à long terme, plus de dommages qu’autres choses. Il en va de même pour l’affouragement des cervidés. Hormis les zones de fort enneigement où il pourrait avoir son utilité, il ne sert qu’à renforcer l’humanisation des sources de nourriture.

Idem pour les pierres à sel, le goudron ou le crud ammoniac. Quand les premières servent principalement le chasseur soucieux de posséder les plus beaux trophées, les derniers sont utilisés pour attirer et fixer les sangliers sur son territoire. Peut-on encore parler d’amélioration et de gestion ? Non. Il s’agit plus de duperie, selon moi.

Moralité : l’aménagement de votre territoire par une bonne exploitation forestière des allées, des bordures, des clairières et de cultures à gibier suffit amplement pour maintenir et préserver la dynamique de votre grand gibier.

Quelle est votre opinion sur la question ? N’hésitez pas à réagir en laissant votre commentaire !

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