La rage [4e partie de la série sur les maladies du gibier]

Publié le 10 août 2016
Auteur Vincent Piednoir
Si elle est présente sur la totalité de notre planète (à l’exception de l’Antarctique), la rage sévit surtout, aujourd’hui, sur les continents africain et asiatique (95% des décès humains dus à cette maladie y sont recensés). On estime, par ailleurs, qu’elle tue annuellement environ 55000 personnes, et que, chaque année, 17 millions d’individus reçoivent un traitement pour avoir été exposés d’une manière ou d’une autre à un risque de contamination. Rappelons que, depuis les découvertes de Pasteur (1885), un vaccin antirabique existe – et qui est efficace. Cependant, dès lors que les symptômes cliniques sont avérés, la rage est presque toujours mortelle – et pour l’homme et pour l’animal.

Inoculation, incubation

La rage est une maladie infectieuse d’origine virale. Le virus en question est présent dans la salive de certains animaux sauvages et domestiques, lorsqu’ils sont contaminés et plutôt en fin de maladie : renard, chien, chat, etc., mais aussi chauve-souris (bien qu’il ne s’agisse pas du même virus dans ce dernier cas). Le mode de transmission le plus courant est bien évidemment la morsure ; néanmoins, il arrive qu’une simple griffure, ou même un léchage sur une petite plaie ou une muqueuse buccale ou oculaire suffisent à assurer l’infection.

Dans une écrasante majorité de cas, le virus de la rage est transmis à l’homme par le chien domestique. En outre, la période d’incubation est très variable : elle peut durer quelques jours ou plus d’un an – mais elle est généralement comprise entre un et trois mois. Enfin, on sait que plus le lieu de l’inoculation est proche du cerveau, plus la propagation du virus est rapide.

Evolution

Des accès de fièvre, des fourmillements et des démangeaisons accompagnés de sensations de brûlure à l’endroit de la morsure : les premiers signes n’induisent pas nécessairement une identification facile de la maladie. En revanche, lorsque les symptômes cliniques apparaissent, il est souvent trop tard : le virus de la rage attaque le fonctionnement du système nerveux et provoque d’importants troubles neurologiques, cardiaques et respiratoires.

On observe un état d’agitation et d’anxiété très fort, doublé le plus souvent d’hydrophobie (peur irrationnelle des liquides), de convulsions et de délire. Non traitée à temps, l’évolution de la maladie peut prendre deux formes distinctes, dites respectivement « furieuse » et « paralytique » : dans l’un et l’autre cas, l’issue est le coma puis la mort (par arrêt respiratoire), sous quelques semaines. Précisons qu’à l’échelle mondiale les enfants (cinq à quatorze ans) sont particulièrement touchés par cette zoonose.

La prise en charge doit être rapide !

Face à la menace d’une infection rabique, le principe de précaution prend tout son sens. D’abord, il convient de ne pas négliger la vaccination de son ou de ses chien(s). Pour l’homme, une vaccination préventive peut être administrée (destinée, notamment, aux personnes susceptibles de séjourner dans les zones réputées à risque).

Attention cependant : en cas de suspicion, ce vaccin préventif n’exclut nullement un traitement curatif. Par ailleurs, lorsqu’une personne est mordue par un animal potentiellement vecteur de la rage, tel un chien, elle doit impérativement (même si l’animal en question ne présente aucun signe inquiétant) laver abondamment la plaie à l’eau claire et au savon, puis la désinfecter à l’aide d’un antiseptique avant de se rapprocher d’une structure médicale au sein de laquelle un traitement adéquat lui sera administré.

Il ne faut jamais oublier que l’efficacité de ce traitement est tributaire de la précocité de la prise en charge : si le patient n’est pas traité avant l’avènement des premiers symptômes cliniques, c’est-à-dire pendant la période d’incubation, il a de très fortes chances de succomber au virus. C’est aussi pourquoi tout chien ou tout renard ayant mordu doit a priori être suspecté de rage.

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