La leptospirose [5e partie de la série sur les maladies du gibier]

Publié le 15 septembre 2016
Auteur Vincent Piednoir
On retrouve cette maladie bactérienne sur l’ensemble du globe : certains avancent même l’idée que la leptospirose est la zoonose la plus répandue à travers le monde. Elle peut prendre différentes formes et frapper manifestement tous les mammifères – sauvages ou domestiques. Parmi ces derniers, elle touche le chien, le cheval, ainsi que le bétail – mais les vecteurs les plus importants sous nos latitudes demeurent les rongeurs : rat, ragondin, rat musqué, notamment. Chaque année, en France, 250 à 500 personnes sont infectés par la leptospirose ; 5 à 10% sont pris en charge dans un état grave ou préoccupant, et les cas mortels représentent environ 1% de la population malade.

Transmission par les urines

La bactérie de la leptospirose – Leptospira Interrogans – affectionne particulièrement le foie et les reins des hôtes animaux. Ceux-ci ne développent pas nécessairement la maladie mais contaminent, par leurs urines, les sols, les eaux et les zones de végétation qu’ils fréquentent.

La transmission à un autre animal ou à l’homme s’effectue alors par contact avec les muqueuses ou avec la peau – que celle-ci soit saine ou lésée. Le contact peut donc être direct (manipulation d’un ragondin mort infecté, par exemple) ou indirect (via un milieu contaminé par la bactérie – lors d’une baignade ou d’une promenade en zone à risque, par exemple).

Si l’humidité constitue un facteur essentiel à la survie de la bactérie dans la nature, les périodes les plus critiques, en Europe, sont l’été et l’automne ; cependant, la possibilité d’une contamination ne peut jamais être exclue durant le reste de l’année. Pour ce qui est des chasseurs et surtout des piégeurs, il est admis que les ragondins sont un vecteur privilégié de la leptospirose : les eaux stagnantes et ombragées (la bactérie est en effet très sensible aux UV) où pullulent ces animaux doivent, par conséquent, faire l’objet de précautions redoublées.

Des symptômes brutaux

L’incubation dure de quatre à quatorze jours. Chez l’homme, les symptômes – volontiers qualifiés de « brutaux » par les spécialistes – sont généralement les suivants : fièvre, frissons, fortes céphalées situées au niveau du front, douleurs musculaires, sensibilité anormale de la peau. Lorsqu’elle accentue sa progression, la maladie provoque également une diminution, voire une disparition des urines – signe d’une altération des fonctions rénales – et des hémorragies pulmonaires ou digestives.

Les reins, le foie, les poumons, les méninges et les intestins peuvent donc être touchés ; en l’absence d’un traitement efficace, le pronostic vital est clairement engagé. Néanmoins, dans la plupart des cas – c’est-à-dire : quand le diagnostic n’est pas posé trop tardivement ! – l’administration d’antibiotiques permet d’enrayer la propagation de l’infection et de détruire l’agent pathogène. Le rétablissement peut être long, mais il est habituellement total.

Quelques recommandations

Le risque de transmission à l’homme est réputé élevé – et la maladie peut être sévère. Toute personne travaillant ou pratiquant certaines activités spécifiques en milieu naturel humide doit en être consciente : agriculteurs, éleveurs, pêcheurs, adeptes des sports nautiques – a fortiori chasseurs de gibiers d’eau et piégeurs. Les recommandations les plus simples doivent être respectées : comme dans le cas de l’échinococcose alvéolaire, il ne faut jamais manipuler à main nue le cadavre d’un rongeur reconnu comme un réservoir de la leptospirose : seuls des gants jetables peuvent être utilisés. Il est fortement conseillé de porter bottes et vêtements adaptés.

On ne se lave pas les mains dans un étang ou une mare fréquentés par les rats noirs, les rats musqués ou les ragondins ! Précisons qu’hommes et chiens de chasse peuvent être vaccinés. Ce n’est pas obligatoire, mais cette précaution peut s’avérer salutaire. En tout état de cause, s’il y a doute, il est impératif de consulter – et vite : la précocité du diagnostic est un facteur décisif.

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