Garde champêtre: un métier, une passion – Interview de Daniel Marlier

Publié le 30 avril 2016
Auteur Hélène
Qui n’a jamais rêvé d’avoir la forêt comme bureau et les animaux qui y vivent, comme collègues de travail ? C’est la réalité de Daniel Marlier, garde champêtre de Masnuy-Saint-Jean – Jurbise, en Belgique. Il partage avec nous sa passion, son travail.

Bonjour M. Marlier, pourriez-vous brièvement vous présenter à nos lecteurs ?

Je suis né dans une famille de chasseurs et de fermiers. Mon grand-père était garde-chasse. Je connaissais donc bien la faune et le gibier.

Lorsque nous sommes arrivés à Masnuy-Saint-Jean avec mon épouse, j’allais chasser avec le propriétaire d’une société de chasse de la région. Il m’a proposé le poste de garde-chasse sur le territoire qui lui appartenait. Et c’est comme cela que je suis devenu garde champêtre particulier.

Depuis combien de temps exercez-vous le métier de garde champêtre ? Qu’est ce qui vous a donné envie de suivre ce chemin ?

Je suis garde depuis 15 ans.

C’est la nature qui m’a convaincu ! Le fait de pouvoir me promener, y compris pendant la nuit, car  le gibier bouge beaucoup. J’aime aussi le contact avec les gens, les habitants ou les fermiers. Nous sommes des personnes de référence pour certains.

Comment devient-on garde champêtre (écoles, années d’études, théorie / pratique, examens,…) ? Que pensez-vous du cursus par rapport à la réalité du terrain ?

En 2006, suite à une nouvelle réglementation, le garde-chasse est devenu le garde champêtre particulier. La réglementation a permis en quelque sorte de légiférer son rôle. Elle offre également un cadre très précis des droits, devoirs et limites liés à sa fonction.

C’est le commettant (la personne qui l’engage) qui doit faire une demande auprès du Gouverneur de la Province concernée.

Plusieurs conditions doivent être remplies pour devenir garde champêtre particulier :

  • avoir 18 ans le jour de la demande d’agrément ;
  • avoir un casier judiciaire vierge ;
  • être citoyen d’un état européen ;
  • ne pas avoir de mandat politique ni de lien de parenté avec le commettant ;
  • ne pas être ou avoir été membre d’un service de police depuis 5 ans ;
  • ne pas être détective privé ou membre d’un service de gardiennage ;
  • ne pas être marchand ou fabricant d’armes et de munitions ;
  • ne pas pratiquer la chasse ou être détenteur d’un droit de chasse sur le territoire qu’il gère,
  • etc.

Maintenant, avec la nouvelle loi, il est aussi obligatoire de suivre une formation de 80 heures, dispensée dans les Académies de Police, comme Jurbise en Belgique. Cette formation permet notamment d’apprendre à rédiger un procès-verbal en bonne et due forme, de connaître la réglementation spécifique du garde (axée sur la chasse et la pêche), etc.

Il faut également réussir le permis de chasse. Cette  formation  consiste, entre autres,  à connaitre la législation et la réglementation sur la chasse et la pêche :

  • Connaissance du petit gibier, gibier d’eau, autre gibier et autres espèces animales.
  • Connaissance du grand gibier et des chiens de chasse.
  • Connaissance des Armes et sécurité.

Le fait d’avoir réussi cet examen  autorise d’avoir une arme de service qui est une arme à feu longue (Fusil de chasse) conçue pour la chasse (depuis 2006).

Une fois les épreuves réussies, le candidat doit prêter serment devant le Juge de Paix du canton de sa résidence et reçoit une carte de légitimation valide pour 5 ans, qu’il doit obligatoirement porter lorsqu’il est en service, de même que l’uniforme réglementaire et l’arme qui lui est fournie par le commettant.

Le territoire de chasse qu’il couvrira sera de minimum 25ha d’un seul tenant (50 pour les territoires au-delà de Namur).

L’AGPRW  (Association des Gardes Particulier de la Région Wallonne) intervient également au niveau de l’organisation de la formation.

Nous apportons une aide en ce qui concerne la protection de la faune et de la flore en général, toujours sur les territoires privés.

A quoi ressemble la journée ou la semaine type du garde champêtre ? Quel est le moment ou quelle est la tâche que vous préférez le plus ?

Les missions du garde champêtre particulier peuvent varier en fonction du commettant et du territoire mais en général, il doit gérer le territoire et le gibier qui s’y trouve. Il y effectue une surveillance afin de faire respecter les règlements (ex : tenir son chien en laisse). En tant qu’officier de police judiciaire, il est tout à fait habilité à dresser un procès-verbal si la loi est transgressée. Mais nous essayons de privilégier le dialogue et la prévention plutôt que la répression. Ce n’est pas toujours facile, certaines personnes ne l’acceptent pas facilement, mais il ne faut pas hésiter à montrer son autorité.

Il surveille et régule (avec des pièges autorisés ou par arme à feu) les prédateurs tels que les renards,  les fouines, les corneilles et autres pies bavardes, etc. Pour ce point, il agit avec l’autorisation de la Division Nature et Forêts de la Région Wallonne. Ce n’est pas la partie de du travail que l’on  préfère mais il s’agit d’une nécessité pour éviter les dégâts en agriculture, par exemple.

Son rôle consiste également à lutter contre le braconnage. Enfin, il procède aussi au comptage des animaux,  surveille les nichées, et  le développement de la population.

Durant les hivers rigoureux, le garde peut procéder au nourrissage du petit gibier. En ce qui concerne  le grand gibier, le nourrissage se fait  selon la réglementation de la Région wallonne. Il faut aussi entretenir les chemins, les avaloirs, les bacs à eau, etc.

Qu’est-ce que vous pourriez donner comme conseils aux jeunes qui désirent peut-être se lancer sur vos traces ?

Il faut être calme, philosophe et bien connaître la loi. Il faut aussi être diplomate.

La vue de l’uniforme entraine des a priori chez certaines personnes ce qui provoque des réactions assez hostiles. Il y a aussi des pressions exercées par certains commettants.

C’est un métier d’extérieur, il ne faut donc pas avoir peur de devoir sortir par tous les temps et aussi la nuit. Il faut aussi être manuel.

Je leur conseillerais d’avoir un deuxième boulot à côté car il s’agit principalement d’un travail complémentaire. Il faut bien entendu aimer la nature et aimer travailler en extérieur. La faune vit, bouge sans cesse, on ne peut pas se dire un jour : « Je n’ai pas envie d’aller travailler ». Le travail de garde champêtre particulier est un travail social, qui requiert beaucoup de diplomatie. Il faut le savoir

Pour conclure : auriez-vous un souhait particulier, en tant que garde champêtre, que vous aimeriez réaliser avant de terminer votre carrière ?

Nous souffrons d’un manque de compréhension et de considération de notre travail. C’est pourquoi, je désire continuer avec l’AGPRW  ( Association des Gardes Particulier de la Région Wallonne)  qui compte plus de 550 membres, de défendre la mission de valorisation l’image du garde champêtre particulier. Nous agissons en tant qu’interlocuteurs privilégiés auprès du Ministre Fédéral compétent et des Gouverneurs des Provinces

Nous apportons une aide en ce qui concerne la protection de la faune et de la flore en général, toujours sur les territoires privés.

Merci beaucoup, monsieur Marlier, pour votre temps et vos réponses précises !

Si le métier de Daniel Marlier vous intéresse et que vous souhaitez en savoir plus, n »hésitez pas nous contacter pour qu’on vous mette en relation.

Vous aussi, vous exercez une profession au coeur de la nature, la forêt ou en rapport avec le milieu cynégétique ? N’hésitez pas à réagir dans les commentaires pour partager votre expérience !

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