La chasse en battue : Principes

Publié le 28 juillet 2017
Auteur Vincent Piednoir
Très répandu en Europe et fort prisé pour les émotions qu’il procure, ce mode de chasse requiert en général un nombre important de participants. Cette spécificité, soulignons-le d’ores et déjà, a du bon : elle permet à plus d’un nemrod démuni de territoire de vivre pleinement sa passion et de la partager… Outre sa dimension « populaire » et fédératrice – en des temps si individualistes ! –, la battue est un exercice cynégétique très codifié qui réclame discipline, maîtrise de soi et attention accrue aux règles de sécurité. Poil, plume, petits et grands gibiers : s’il est sans doute plus exact de parler de types de battues – étant donné la variété des techniques, selon les régions, les coutumes et les réglementations en vigueur –, le principe demeure relativement identique d’une pratique à l’autre : des traqueurs (le plus souvent accompagnés de chiens) battent une enceinte ou un territoire afin d’en faire sortir les animaux qui, poussés vers la ligne des postés, seront tirés par ces derniers. Simple en théorie, mais…

Faire le pied, rejoindre son poste

En France, on chasse principalement en battue le grand gibier : sangliers, bien sûr, mais aussi chevreuils, cerfs et renards. Si dans certains domaines très vastes et fréquentés on ne cherche pas nécessairement à s’assurer de la présence des animaux avant de décider de les chasser, on procède généralement, lorsqu’il s’agit d’enceintes plus modestes, à une sorte d’« enquête » préalable : on appelle cette enquête « faire le pied ».

Au petit matin, on inspecte ainsi l’orée des enceintes, parfois à l’aide d’un limier, afin de déterminer avec le maximum de probabilité la présence d’empreintes fraîches d’animaux entrants, en prenant soin de ne pas passer à côté d’éléments indiquant que ceux-ci sont aussi sortants…

Les jours de beau revoir (quand le sol est humide, par exemple), le pied peut être chose aisée – mais les jours de mauvais revoir (quand le sol est sec et dur), il en va naturellement tout autrement… A la vérité, cette étape est essentielle pour au moins deux raisons : d’une part, elle permet de ne pas entamer une chasse vouée à une bredouille certaine (ce qui n’est jamais gratifiant !) ; d’autre part (et c’est le plus important), elle évite de polluer l’enceinte d’odeurs et de traces susceptibles d’inspirer à la faune locale de compréhensibles réticences au cours des jours suivants.

En outre, lorsque décision est prise de chasser, le responsable de la battue rassemble les participants pour leur signifier les consignes : durant ce rond, il indique les animaux tirables, et le nombre de coups à sonner en cas de mort ou de vue, selon l’espèce ; il rappelle les règles de sécurité (tir fichant, angle des 30°, etc.), et vérifie que chacun porte le gilet orange fluo de rigueur.

Enfin, l’attribution des postes (parfois tirée au sort) s’effectue sous sa responsabilité – et l’une des règles d’or de la battue est invariablement rappelée à cette occasion : à aucun moment le tireur n’est autorisé à se déplacer ou à quitter son poste ; chacun a l’obligation de se montrer patient, jusqu’à ce que la fin de la traque soit sonnée.

Lors de la traque…

Quelquefois silencieuse et sans chien (ce qui effraie moins le gibier et l’incite à prendre ses coulées habituelles), la battue est le plus souvent pratiquée avec force cris et bruits. Dans l’enceinte, les traqueurs marchent lentement en frappant les broussailles et les ronciers, excitant leurs auxiliaires à quatre pattes (courants, terriers…) et s’efforçant de n’omettre aucune cache potentielle : les animaux les plus aguerris sont d’ordinaire les derniers à se lever, et ils sont capables de résister longtemps à la tentation de fuir, c’est-à-dire de sortir…

De son côté, le tireur doit – c’est certes d’évidence… – rester discret et immobile, et ne jamais envisager de tirer à l’intérieur de la traque, même s’il a le sentiment d’avoir une perception parfaite de ce qui s’y passe : idéalement, on ne tire que lorsque l’animal est clairement passé derrière la ligne (on se sera d’ailleurs assuré au préalable de l’emplacement des autres chasseurs alentour).

Aujourd’hui, beaucoup de sociétés de chasse préconisent l’usage du poste à mirador ; on ne peut que s’en féliciter, car ces installations fixes favorisent la visibilité et réduisent le risque d’un tir qui ne soit pas strictement fichant.

Autre précision importante : lorsqu’au tir de l’animal celui-ci n’est pas arrêté, il convient d’être attentif aux détails qui peuvent aider à sa recherche : attitude au moment où l’on a pressé le détente, vitesse, direction, réaction… Grâce à ces indices, souvent décisifs, il sera possible au meneur de chiens de se mettre en quête du sanglier, du cerf, du chevreuil ou du renard que l’on aura tenté de tuer. Au besoin, les précisions recueillies seront aussi utiles au chien de rouge que l’on aura pas hésité à… solliciter.

Puisqu’il faut conclure !

Naturellement, le principe de la battue se décline selon les pays, les cultures, la nature du gibier : chaudron ou ojeo pour le petit, montería pour le grand… Allemagne, Espagne : nous ne manquerons pas d’évoquer ces pratiques ancestrales, qui perdurent encore aujourd’hui – et c’est heureux ! – à l’occasion d’autres posts. Mais n’hésitez pas à nous faire part de vos expériences et remarques…

Revoir aussi La chasse à l’affût.

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